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France-Guinée : le numéro d’équilibrisme de Luc Briard

Avec le vent de contestation auquel la France fait face en Afrique depuis quelques années, c’est avec une prudence croissante que ses diplomates s’expriment sur le continent. Pris entre la nécessité de réaffirmer les valeurs et principes universels qui fondent la République française, et l’obligation de respecter scrupuleusement la souveraineté des États africains, ils avancent souvent sur une ligne de crête. Une position d’équilibriste d’autant plus délicate en Guinée, que la France ne peut se permettre de perdre ce pays dans le contexte des revers diplomatiques enregistrés au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Et c’est un peu dans ce contexte que l’ambassadeur de la France en Guinée, a livré ce lundi 14 juillet, son discours dans le cadre de la réception organisée à l’occasion de la célébration de la fête nationale française.

Pour Luc Briard dont c’était la première célébration du 14 juillet en tant qu’ambassadeur en Guinée, tenait donc à rassurer les autorités quant au fait que son pays n’entend pas s’ingérer dans les affaires internes de la Guinée. « Nous n’avons aucune leçon à donner, ni de conseil. La France, en Guinée, n’est pas chez elle. Elle n’est ni actrice ni commentatrice de la scène politique locale. Nous sommes confiants sur le retour à l’ordre constitutionnel et nous nous réjouissons désormais qu’un texte constitutionnel soit proposé au suffrage de toutes les Guinéennes et de tous les Guinéens ». Pour autant, s’est-il empressé de noter : « Nous ne renonçons à rien de nos principes ». C’est ainsi que, a-t-il poursuivi : « la France parle à tout le monde, si j’en crois, c’est une singularité aussi de la Guinée. Nous parlons évidemment aux autorités, à l’opposition, y compris en exil, à la société civile, qui comptent sur nous pour faire passer les messages dans si le silence des portes closes ».

Mieux, dans un passage plutôt symbolique, le diplomate français, invoquant l’histoire de son pays et citant des figures de la pensée critique française, a souligné l’importance de la pluralité des opinions, de la diversité des obédiences et même de la nécessité des voix dissidentes dans la construction nationale. « Ce que nous savons, nous Français, c’est que dans les 3000 pages de notre histoire, nous avons toujours su écouter les paroles critiques qui, aujourd’hui, complètent le panthéon de nos auteurs socles sans lesquels il manquerait quelque chose à la France. Quand l’esclavage était une pratique courante, Condorcet s’est élevé, reprenant le flambeau de Montaigne. Quand les zoos humains de l’exposition coloniale de 1931 abaissaient violemment notre seuil moral, les surréalistes organisaient une contre-exposition. Nous avons besoin de toutes les voix pour faire société, pour faire Nation ensemble », a-t-il déclaré à propos.

En somme, un discours habilement formulé, mais qui n’a pas échappé au ministre guinéen des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté. Ce dernier, attentif aux moindres inflexions du discours, lui a réservé une réponse bien à lui.

Dès l’entame de son message réponse, le chef de la diplomatie guinéenne pose les bases : « Je tiens à exprimer l’attachement de notre pays à une relation solide avec la République française, fondée sur le respect mutuel, sur l’égalité souveraine entre Etats et sur une coopération utile, équitable et constructive ».

Réagissant ensuite au fait que la France parle à tout le monde, Dr. Morissanda Kouyaté, a déclaré : « Il reste bien entendu, comme vous l’avez dit tout à l’heure, que vous parlez à tout le monde, à la jeunesse, à l’opposition (Je ne suis pas sûr qu’il y en ait actuellement), et à tout le monde. Mais le dialogue entre les peuples doit passer absolument par le canal des Etats. Car lorsqu’un Etat dialogue avec un ou des fragments d’un autre Etat, cela s’appelle de l’ingérence. Et c’est de celle-ci que naissent très souvent des frictions et des conflits entre Etats. Vous ne le faites pas, je vous en félicite ».

Boubacar Sanso Barry

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