Élue Miss Côte d’Ivoire 2025, Fatima Koné, 23 ans, étudiante en e-commerce et mannequin depuis 2022, voyait son travail récompensé sous les projecteurs. Mais à peine la couronne posée sur sa tête, la jeune femme a été plongée dans une tempête numérique : insultes, moqueries, détournements de photos… les réseaux sociaux se sont rapidement transformés en arène de violence gratuite.
« Souvent ça fait mal… mais je reste un être humain », confie-t-elle dans une interview accordée à la BBC.
Fatima Koné rejoint ainsi la liste, tristement longue, de reines de beauté africaines devenues cibles de cyberharcèlement. Comme si chaque couronne devait désormais être payée au prix d’une humiliation publique.
Depuis 2022, elle défile sur les podiums de la sous-région, du Mali à la Côte d’Ivoire. Participer à Miss Côte d’Ivoire ? Un rêve de petite fille devenu défi personnel.
« Je suis mannequin depuis 2022, j’ai déjà défilé dans plusieurs pays, notamment le Mali, et partout ici en Côte d’Ivoire, ce qui a mené à cette présence-là sur le pays. Lorsqu’on se retrouve à deux, on se dit, écoute, soit ça passe, soit ça passe, parce qu’on est déjà dans le trio, c’est quand même beaucoup, nous sommes 30, et se retrouver là, à qu’un seul pas de la couronne, c’est énorme», dit-elle.
« Au soir de la finale, je me dis, écoute, tu es là, tu n’as rien à perdre, donc tu t’amuses, tu donnes tout, comme ça tu n’auras aucun regret à la fin. Amuse-toi, c’est ton jour, tu as travaillé pour ça, donc amuse-toi, lâche-toi, et il n’y a aucun regret après », a-t-elle affirmé.
Ce soir du 28 juin 2025, parmi 30 candidates, elle franchit toutes les étapes jusqu’à la consécration. Mais le bonheur est de courte durée. À peine couronnée, la machine à juger se met en route : commentaires racistes, sexistes, attaques sur son physique, son teint, son origine supposée. Une violence devenue presque banale sur la toile.
Malgré la douleur, Fatima ne plie pas. Elle répond avec grâce, sans haine, et tend même la main à ceux qui la rejettent.
« À ceux qui ne me reconnaissent pas comme leur Miss, de prendre leur temps. Prenez votre temps pour m’accepter, mais je sais qu’avec le temps, avec tout ce que je ferai pour vous, vous allez voir que j’ai travaillé, j’ai bataillé pour être là, et vous verrez aussi que je mérite quelque part cette place », dit-elle.
Elle trouve du réconfort dans les messages de soutien, dans l’amour de ceux qui l’ont vue travailler, batailler, rêver. Et promet de se battre encore, cette fois pour la Côte d’Ivoire, sur la scène internationale.
« Si Dieu le veut, on aura une Miss Monde ou une Miss Univers ici », promet-elle.
N’Famoussa Siby