L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition dirigé par l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, n’a pas tardé à réagir à la nomination de Zénab Touré à la tête de la Direction Générale des Élections (DGE). Pour le parti, ce choix est loin d’être anodin : il s’agirait d’une récompense politique accordée à une personnalité jugée proche des anciens cercles du pouvoir et désormais favorable aux desseins du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Le Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG, Souleymane Souza Konaté, dénonce une nouvelle « incohérence » de la junte au pouvoir.
« La nomination de dame Djenabou Touré à la tête de la DGE s’inscrit dans la continuité des nombreuses incohérences du CNRD et illustre, une fois de plus, le mépris affiché du régime pour le peuple de Guinée, ainsi que pour les avis des forces politiques et sociales les plus représentatives », a-t-il fustigé.
Souleymane Souza rappelle que Mme Touré n’est pas étrangère aux critiques qui ont entaché les processus électoraux passés. Vice-présidente de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en 2010, elle est accusée d’avoir joué un rôle central dans la gestion controversée du fichier électoral de l’époque, rejeté par de nombreuses formations politiques… y compris par le CNRD à son arrivée au pouvoir.
« Pourtant, paradoxalement, c’est cette même actrice qu’on remet aujourd’hui aux commandes de l’organisation des élections », s’étonne-t-il.
L’UFDG s’inquiète également de la participation de Mme Touré à l’élaboration du nouveau fichier électoral, en cours de confection dans une opacité totale, selon le parti. Ce fichier, très attendu dans le cadre du futur processus électoral, serait déjà l’objet de vives contestations, notamment en raison du manque de consultation des acteurs politiques et de la société civile.
« Ce processus se fait sans concertation sérieuse. C’est une démarche unilatérale, ce qui le rend d’office suspect », dénonce encore Souza.
Plus largement, l’UFDG dénonce la mainmise du ministère de l’Administration du territoire, sous la houlette du très controversé Ibrahima Kalil Condé, sur l’ensemble du processus électoral. Le parti voit dans cette nomination une manœuvre visant à baliser la voie à une candidature du général Mamadi Doumbouya, malgré ses engagements antérieurs à ne pas se présenter.
« Ce ministère est devenu un instrument au service d’un agenda politique : celui d’imposer la candidature du Général Doumbouya, en violation flagrante de son serment, de la charte de la transition et des engagements internationaux de la Guinée », dénonce-t-il.
L’UFDG appelle à tirer les leçons du passé, mettant en garde contre les dangers d’une gouvernance jugée unilatérale et arbitraire.
« L’histoire récente de la Guinée a pourtant démontré, à maintes reprises, que la gestion unilatérale des affaires publiques conduit inévitablement à l’impasse. Refuser de tirer les leçons du passé, c’est faire le choix délibéré de la confrontation et de l’instabilité », conclut Souza.
N’Famoussa Siby