Le procès opposant la chanteuse guinéenne Djelikaba Bintou Kouyaté, surnommée « La Patronne », au blogueur Foid Bah, alias « Haut Niveau Mondial », a connu son épilogue ce mercredi 30 juillet 2025 au tribunal de première instance de Kaloum. Ouvert le 23 juillet dernier et reporté pour plaidoiries et réquisitions, ce procès portait sur des faits d’injures, de menaces et de diffamation à l’encontre de l’artiste. Le verdict est tombé en faveur de l’artiste.
Dès l’ouverture de l’audience, le juge Aboubacar Tiro Camara a rappelé les griefs retenus contre le blogueur résidant au Maroc. Ce dernier, lors de l’audience précédente, avait présenté ses excuses, exprimant des regrets pour ses propos outranciers.
L’avocat de la partie civile, Me Salif Beavogui, étant absent, c’est son représentant, Seydouba Camara, qui a transmis un document contenant la plaidoirie, réclamant le paiement symbolique d’un franc guinéen en guise de réparation morale.
Dans sa réquisition, le procureur Youssouf Fofana n’a pas mâché ses mots : « Les faits sont graves. Ils heurtent nos mœurs et nos traditions. Il faut que cela serve d’exemple pour mettre fin à ces dérives. Insultes grossières, atteintes à la dignité… Tout le monde reconnaît les faits, même son avocat. Aujourd’hui, certains confondent liberté d’expression et droit à l’injure », a-t-il déclaré.
Le ministère public a également souligné l’origine du conflit, révélée par le prévenu dans son procès-verbal.
« Il affirme avoir été fan de l’artiste. Mais lorsque Djelikaba Bintou a offert un iPhone 16 à une jeune fille tombée dans un caniveau lors d’un événement, il s’est senti lésé. C’est ce sentiment de jalousie qui l’a poussé à l’insulter violemment, allant jusqu’à évoquer les parties intimes de l’artiste. Ce jour-là, même son avocat récemment revenu du pèlerinage n’a pu supporter l’écoute de ces propos orduriers », a-t-il indiqué.
Plusieurs femmes présentes dans la salle auraient quitté l’audience, choquées par les termes utilisés dans les vidéos diffusées.
Le parquet a requis une peine de cinq ans de prison ferme contre Foid Bah.
L’avocat de la défense, Me Elhadj Sidiki Bereté, a reconnu des propos injurieux, mais a rejeté toute notion de diffamation.
« Il y a eu injure, certes. Mais pas de diffamation. L’infraction n’est pas constituée à ce niveau. Seules les injures doivent être sanctionnées », a-t-il rejeté.
Invité à prendre la parole, le prévenu a, une nouvelle fois, exprimé ses regrets : « Je suis désolé. Je n’aurais jamais dû insulter une femme. Que ce soit Bintou ou une autre, je promets de ne plus jamais recommencer. Je demande pardon à toute la population guinéenne », a-t-il affirmé avec remords.
Il a également révélé avoir perdu sa fille durant son incarcération, ce qui, selon lui, renforce son repentir.
À l’issue des délibérations, le juge Aboubacar Tiro Camara a reconnu Foid Bah coupable d’injures et de diffamation, mais l’a relaxé des faits de menaces.
Le blogueur a été condamné à un an d’emprisonnement, dont sept mois assortis de sursis, ainsi qu’à une interdiction d’utilisation des réseaux sociaux pour toute activité promotionnelle ou en lien avec le milieu artistique (showbiz).
Le tribunal a également ordonné :
- La présentation d’excuses publiques dans cinq organes de presse ;
- La suppression immédiate de toutes les vidéos et images portant atteinte à la chanteuse sur ses pages.
Aminata Camara