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Angola : une contestation en forme de ras-le-bol

Dans le sillage de la grève déclenchée lundi dernier par les conducteurs de taxi, l’Angola a traversé des heures particulièrement sombres. Née de la hausse de 30 % du prix du carburant, la contestation, émaillée de violences et d’actes de vandalisme, a mis en lumière l’ampleur du malaise social et la frustration d’une jeunesse confrontée à la pauvreté et au chômage. Elle illustre aussi une fracture criante entre les autorités recluses au sommet de la pyramide et accaparant la rente pétrolière et le quotidien rude des citoyens ordinaires.

Le bilan de 22 morts, reconnu ce mercredi 30 juillet par le gouvernement lui-même, témoigne de la gravité de la crise et de la violence avec laquelle de jeunes manifestants, en colère et sans perspective, ont exprimé leur désespoir. Ce chiffre ne reflète pas les conséquences d’une simple protestation, mais plutôt celles d’une quasi-insurrection. Car au-delà de la hausse du carburant, qui n’a été que le déclencheur, ce sont surtout l’inflation galopante au point de frôler les 20 % et un taux de chômage estimé à 30 % qui nourrissent la colère populaire.

Les violences survenues dans les rues de Luanda, endeuillant lourdement le pays, traduisent aussi le paradoxe des revenus pétroliers colossaux côtoyant une pauvreté endémique. Une contradiction héritée de la gouvernance du défunt président José Eduardo dos Santos, et que son successeur n’a manifestement pas su corriger. Bien sûr, la guerre civile ayant ravagé le pays entre 1975 et 2002 pèse encore lourdement sur le développement national. Mais ces deux dernières décennies auraient pu être mises à profit pour opérer une véritable reconstruction, à travers une gestion plus équitable et responsable.

Hélas, sous Dos Santos, cette responsabilité a cruellement fait défaut. Les revenus issus du pétrole et des autres ressources minières ont été confisqués par une élite restreinte, au premier rang de laquelle sa propre famille, dans un système où corruption et népotisme étaient érigés en règle.

A cela s’ajoute une extrême dépendance aux ressources naturelles, symptôme d’une économie peu diversifiée. Comme nombre d’Etats rentiers, l’Angola importe presque tout de l’extérieur, faute d’avoir développé son agriculture ou son industrie. Une vulnérabilité qui rend le pays incapable de maîtriser les prix des biens essentiels.

João Lourenço, dès le début de son mandat, avait affiché une volonté de rupture. Mais sur le terrain, les résultats peinent à se faire sentir. Pire encore, son administration semble aujourd’hui reproduire les travers de l’ancien régime. A titre d’illustration, cette récente hausse du prix du carburant, décidée sans anticipation ni accompagnement, qui a mis le feu aux poudres.

Les autorités angolaises, à commencer par le président, doivent voir dans ces violences ce qu’elles sont réellement : un sérieux avertissement. Il leur appartient désormais de changer de cap, et de s’engager résolument sur une voie qui offre enfin aux Angolais la possibilité de rompre avec une misère à laquelle ils ne sauraient être condamnés. En attendant, qu’elles apprennent à traiter les revendications avec humilité et compassion et non avec l’arrogance et la matraque, qu’elles ont trop souvent privilégiées ces derniers jours.

Boubacar Sanso Barry

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