Alors que le président de la délégation spéciale de la commune rurale de Tokounou, son secrétaire général et plusieurs conseillers sont toujours détenus à la maison centrale de Kankan pour des soupçons de détournement portant sur un montant de 7 milliards de francs guinéens, des jeunes de cette localité, située à 120 kilomètres du centre-ville de Kankan, sont descendus dans la rue ce jeudi matin pour exprimer leur mécontentement.
La manifestation, qualifiée de pacifique par ses organisateurs, a débuté dans les quartiers résidentiels, traversé le marché central avant de prendre fin devant les locaux de la mairie. Munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Justice pour les 7 milliards », « À bas la délégation spéciale », « Les femmes disent non à la délégation spéciale », les manifestants, majoritairement des jeunes, dénoncent la gestion de la commune et fustigent le silence du préfet face à la situation.
Selon eux, la position du préfet de Kankan est jugée trop passive malgré les nombreuses alertes des citoyens. En réaction, ils ont verrouillé les locaux de la mairie, exigeant la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante.
Parmi les manifestants, Ibrahima Sory Condé, jeune leader local, explique : « On a manifesté ce matin pour deux raisons. Primo, exiger la dissolution de l’équipe de la délégation spéciale et demander justice pour le montant détourné. On n’a pas brûlé de pneus, pas de routes barricadées. Nous avons tenu une manifestation pacifique ».
À la question de savoir pourquoi ils accusent le préfet dans cette situation, notre interlocuteur répond :
« Nous avons adressé deux premiers courriers au préfet pour signifier notre souhait de ne plus voir l’équipe à la tête de notre mairie, mais en vain. On a adressé un troisième courrier avec les signatures de toutes les entités locales : femmes, sages, jeunes et OSC, sans suite. Nous accusons toute l’équipe, mais seules les têtes sont en prison, et les autres travaillent ici. C’est au vu de tout cela que nous le soupçonnons d’être complice, et c’est pourquoi il retarde la prise de décision. Nous exigeons le départ immédiat de la délégation spéciale, sinon nous continuerons à manifester jusqu’à la satisfaction de nos revendications », a-t-il conclu.
Michel Yaradouno, depuis Kankan