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Sénégal–France : moins qu’une rupture, une évolution intelligente

Que s’est-il passé ? Est-ce le Pastef qui a fini par se ranger derrière le réalisme qu’impose la gestion effective du pouvoir ? Ou bien étions-nous nombreux à avoir surestimé les promesses de rupture du camp Sonko concernant les relations entre la France et le Sénégal ? Toujours est-il que ce que l’on observe aujourd’hui ne ressemble pas au « renversement de table » qu’on entrevoyait. Débarrassées des discours enflammés et des promesses fracassantes propres à l’opposition, les relations franco-sénégalaises connaissent désormais une évolution pragmatique où chaque partie s’attache à préserver l’essentiel. Si la France a dû consentir au départ de ses bases militaires, le Sénégal, de son côté, a tempéré sa position, notamment sur la question du franc CFA.

Un peu plus d’un an après l’arrivée au pouvoir du tandem Diomaye–Sonko, le président sénégalais effectuait, ce mercredi 27 août, son troisième déplacement en France. Un signe qui témoigne de la vitalité des liens entre Paris et Dakar. Cela ne signifie pas pour autant que les autorités sénégalaises ont renoncé à toutes leurs promesses. Elles ont même obtenu, sur le plan symbolique, le retrait des bases militaires françaises. Sur le terrain mémoriel, elles ont aussi convaincu Paris d’ouvrir un travail conjoint sur le massacre de Thiaroye, afin d’actualiser le bilan de ce drame historique. En réalité, c’est surtout la France qui a su négocier, avec tact et pragmatisme, le virage incarné par l’arrivée du pouvoir Pastef. Loin de voir dans les déclarations de l’opposant Sonko une menace insurmontable, la diplomatie française, tirant sans doute les leçons de précédents bras de fer ailleurs en Afrique, a choisi de privilégier l’écoute et le compromis.

Encouragé par cette posture mesurée, Dakar a, de son côté, opté pour la recherche de résultats concrets plutôt que pour les coups d’éclat médiatiques. C’est ainsi qu’on n’assiste nulle part à Dakar et dans les autres régions du Sénégal, au démantèlement des entreprises françaises ou au renvoi fracassant de diplomates français. Tout au contraire, devant le MEDEF, le président Bassirou Diomaye Faye a invité hier les patrons français à venir investir au Sénégal. C’est que le débat, autrefois animé dans la presse et les tribunes publiques, s’est progressivement déplacé dans les couloirs des ministères et des cabinets. Tout se passe entre experts et avocats des deux pays, loin du brouhaha que l’on entend ailleurs. Ce, parce qu’également, le nouveau pouvoir sénégalais, en proie à une forte demande sociale, a compris que le seul discours souverainiste ne saurait combler les grandes attentes. Quant à la question du franc CFA, les nouvelles autorités sénégalaises semblent désormais avoir compris qu’elle était soit largement surestimée, soit bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Résultat des courses : au lieu du grand chamboulement annoncé à grands renforts de tambours, on observe plutôt une adaptation dictée avant tout par un contexte désormais global. Oui, les rapports entre l’Afrique et l’ensemble de ses partenaires, notamment historiques, sont appelés à évoluer pour mieux intégrer les exigences d’équité et de respect dues au continent. Mais pour cela, nul besoin de tapages ni de déclarations tonitruantes. C’est, en tout cas, ce que nous enseigne l’exemple du Sénégal sous le Pastef et de la France, et dont beaucoup d’autres pourraient s’inspirer.

Boubacar Sanso Barry

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