Tout est parti du cas d’une fillette de 13 ans victime d’excision à Moata, un district relevant de la sous-préfecture de Yalenzou, préfecture de N’Zérékoré. Cinq personnes, dont deux hommes (le patriarche et son adjoint), sont poursuivies pour des faits de mutilation génitale féminine.
Le patriarche et son adjoint sont accusés d’avoir favorisé cette pratique coutumière. Les prévenus ont comparu ce jeudi 28 août 2025 devant le Tribunal de première instance (TPI) de N’Zérékoré. Seny Zolé, Jeannette Théa et Gnèpou Théa ont reconnu les faits, tout en affirmant qu’ils ignoraient l’interdiction de l’excision par l’État guinéen. Selon elles, les filles s’introduisent d’elles-mêmes, ou sont envoyées par leurs parents, dans le camp d’excision, précisant qu’« aucune n’a été forcée ».
Me Michel Théodore Loua, avocat de la partie civile, a tenu à rappeler le caractère illégal de cette pratique.
« L’excision, qualifiée de mutilation génitale féminine, est une pratique interdite par nos lois, notamment le Code pénal et le Code de l’enfant. Malgré cette interdiction, elle continue dans plusieurs localités. C’est pourquoi des dispositions strictes ont été prises, notamment grâce aux plaintes des victimes directes et indirectes ainsi que des ONG de défense des droits humains », a-t-il déclaré.
L’avocat a ensuite précisé que la procédure découle du refus de la grand-mère maternelle, farouchement opposée à l’excision de sa petite-fille.
« Il s’agit d’une mineure rejetée par son père et sa famille paternelle. Elle a été prise en charge par sa mère et sa grand-mère. Malheureusement, certains ont profité de son épanouissement pour la soumettre à l’excision. C’est ce qui a provoqué le mécontentement de ses proches maternels et leur décision de porter plainte », a-t-il soutenu.
Pour Me Loua, même si la fillette n’a pas été contrainte, la loi reste claire.
« Même lorsqu’un mineur se rend volontairement dans un camp, cela ne fait pas obstacle à la répression des auteurs. La loi protège les enfants en raison de leur minorité », a-t-il martelé.
Il a également alerté sur l’état de santé préoccupant de la victime.
« Le médecin légiste de l’hôpital régional de N’Zérékoré parle d’un ITT de 32 jours, sous réserve de complications. Cela prouve la gravité du cas. C’est pourquoi j’ai rappelé au président du tribunal les dispositions de l’article 775 du Code de l’enfant, qui interdisent d’appliquer un sursis dans une telle affaire », a-t-il affirmé.
Avant de renvoyer l’affaire à l’audience du jeudi 4 septembre 2025 pour les réquisitions et plaidoiries, Me Siba Michel Kolié, avocat de la défense, a sollicité la mise en liberté provisoire de ses clients. Une demande rejetée par le juge Saliou Diakité, après avis défavorable du procureur et des avocats de la partie civile.
Pour rappel, la plaignante Jeannette Théa a réclamé le remboursement de 3.000.000 GNF, somme dépensée pour les soins de sa petite-fille.
Foromo Fazy Béavogui, depuis N’Zérékoré


