En conférence de presse ce lundi 1er septembre, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, s’est exprimé sur la crise de liquidité qui frappe la Guinée depuis plusieurs mois et qui affecte fortement l’activité économique. Selon lui, cette situation n’est pas d’ordre économique, mais plutôt liée à une méfiance généralisée envers le système bancaire.
« Les gouvernements du monde entier fabriquent régulièrement de l’argent à travers leurs banques centrales. Chaque année, des milliards de billets usés sont retirés de la circulation puis remplacés par de nouveaux. La crise actuelle de liquidité n’est donc pas une crise économique, mais une forme d’inquiétude. Cela veut dire que nous avons plus d’argent gardé dans nos portefeuilles, coffres-forts ou domiciles que dans les banques. Lorsque chacun conserve son argent chez lui, il ne circule pas, il ne passe pas de la poche de l’un à celle de l’autre. Voilà ce qu’on appelle crise de liquidité », a-t-il déclaré.
Le ministre a souligné que plusieurs facteurs expliquent cette réticence des Guinéens à déposer leur argent dans les banques. « Il y a d’abord la question de la confiance : certains se demandent si, en déposant leur argent, ils pourront réellement le récupérer plus tard. Ensuite, il y a les frais bancaires : je dépose 1 000 francs, mais quand je reviens, je récupère 950 francs à cause des commissions. Enfin, il y a aussi la fiscalité », a-t-il expliqué.
Pour remédier à la situation, Ousmane Gaoual recommande de privilégier les paiements électroniques, indispensables selon lui pour fluidifier les transactions.
« Ce que nous voulons, c’est encourager les paiements dématérialisés, comme l’ont fait les économies modernes. Certes, au marché, il est encore plus simple de payer ses condiments en billets qu’avec Orange Money ou d’autres solutions numériques. Mais l’objectif du gouvernement est d’accroître les paiements autres que par la monnaie fiduciaire. Cela nous mettra à l’abri des crises de liquidité », a-t-il affirmé.
Le porte-parole a également précisé que le gouvernement n’entend pas résoudre le problème en inondant le marché de nouveaux billets.
« Si vous importez de nouveaux billets, les gens peuvent toujours les retirer et les stocker chez eux. La crise va continuer. Les billets doivent être introduits uniquement pour remplacer ceux qui sont usés et pour assurer le fonctionnement normal de l’économie », a-t-il déclaré.
Enfin, Ousmane Gaoual a mis en garde contre les risques liés à une création monétaire excessive.
« Lorsque l’État n’a pas d’argent mais doit faire face à ses engagements, il peut être tenté d’en créer. Or, payer avec de l’argent qu’on ne possède pas accroît la masse monétaire, affaiblit la valeur du billet, provoque l’inflation et entraîne une perte du pouvoir d’achat », a-t-il conclu.
Aminata Camara


