Une violente manifestation a éclaté ce mardi 7 octobre 2025 dans la préfecture de Kouroussa. À l’origine du mouvement, des jeunes, principalement des orpailleurs et des conducteurs de taxi-motos, sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère. Selon plusieurs témoins, tout serait parti d’un incident survenu dans la matinée, au cours duquel un jeune homme aurait été grièvement blessé après avoir été pris en chasse par un agent de sécurité de la société minière de Kouroussa. En réaction, des dizaines de jeunes ont érigé des barricades sur la route nationale n°1, bloquant totalement la circulation.
L’incident, impliquant un militaire, a provoqué une vive indignation parmi les habitants. D’après les témoignages recueillis, le militaire aurait poursuivi le conducteur de taxi-moto Fadjimba Condé, soupçonné de transporter des minerais provenant du site de Kouroussa Gold Mining, avant de le projeter violemment dans un caniveau. Le jeune homme, blessé au bras et à la cuisse, affirme ignorer les raisons de cette agression. Cet acte aurait déclenché la colère des orpailleurs et des conducteurs de taxi-motos, qui dénoncent depuis longtemps les abus dont ils se disent victimes.
Adama Condé, l’un des manifestants, dénonce les mauvais traitements infligés aux jeunes.
« La raison de cette barricade, c’est le traitement que nous subissons dans les mines. Les agents de sécurité frappent les gens arrêtés pendant plusieurs jours. Chaque fois après le repas, ils te donnent 50 coups de fouet, matin et soir, pendant trois jours. Et quand ils te voient sur une moto, ils te poursuivent avec leur pick-up jusqu’à te faire tomber. Et si quelqu’un meurt comme ça ? Nous pensions que la société allait nous apporter du bonheur, pas du malheur. Nous demandons qu’ils libèrent nos camarades arrêtés, sinon nous ne cesserons pas la manifestation », a-t-il indiqué.
Même son de cloche chez Aboubacar Sidiki Diawara, un autre jeune manifestant.
« Ce que je peux dire au président, c’est que cette société est devenue insupportable pour nous. Que ce soit nos mamans, les taxi-maîtres ou les orpailleurs, tout le monde est fatigué. Ils ont fait venir les militaires qui nous brutalisent. Ils ne sont pas là pour protéger la société, mais pour faire souffrir la population. Moi, j’ai trois amis qui ont été gravement blessés par eux. Ils ne peuvent même plus se tenir debout », a-t-il souligné.
Il ajoute que la blessure de leur collègue a été l’élément déclencheur.
« Ce matin, notre frère est venu récupérer du gravier de mine. Ils l’ont poursuivi à moto jusqu’en ville. Devant moi-même, un militaire l’a fait tomber dans un caniveau. Sa jambe est cassée, son dos aussi est touché. Nous demandons à la jeunesse de Kouroussa de se donner la main, car ces militaires cherchent les gens jusque devant les autorités, sans que personne ne dise rien », a-t-il expliqué.
Joint au téléphone, le préfet de Kouroussa, le colonel Idrissa Camara, a assuré que la situation est désormais sous contrôle.
« Ceux qui avaient été arrêtés ont été libérés. Les jeunes ont levé les barricades et la circulation a repris. Depuis hier, nous étions en réunion avec les forces de défense et de sécurité, la jeunesse et les chefs de quartiers pour ramener le calme », a-t-il affirmé.
Pour l’heure, aucune réaction officielle de la société Kouroussa Gold Mining n’a été enregistrée. Sur le terrain, les habitants restent toutefois prudents, craignant une nouvelle flambée de tension si le jeune blessé n’est pas convenablement pris en charge ou si les revendications des manifestants restent sans réponse.
Michel Yaradouno, depuis Kankan