Ancien président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté s’est confié sur la fin de la transition militaire, le bilan du colonel Mamadi Doumbouya et les plaies encore ouvertes du 28 septembre 2009. Dans cet entretien à Vox Africa, il défend sa gestion passée, rejette les accusations de Moussa Dadis Camara et plaide pour la vérité devant la CPI.
À quelques semaines de la fin officielle de la transition militaire en Guinée, le général Sékouba Konaté, qui avait lui-même dirigé la transition en 2010, estime que le bilan du colonel Mamadi Doumbouya est “globalement positif”.
«C’est une réussite sur tous les points. Après trois ans, la Guinée est en chantier total. Les conditions de vie des Guinéens se sont améliorées», affirme-t-il d’entrée.
Interrogé sur une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya à la présidentielle du 28 décembre, l’ancien chef d’État se montre prudent mais ouvert.
«Tout revient au peuple de décider. La Constitution adoptée à 98 % permet à tout Guinéen de se présenter. Donc, s’il le veut, il doit écouter le peuple», indique-t-il.
Et d’insister : «S’il arrive que le peuple dise ‘présente-toi’, il ne doit même pas hésiter. Il a prouvé en trois ans qu’il a pu transformer Conakry. Aujourd’hui, la capitale, c’est comme un petit Paris».
Le général Sékouba Konaté revient longuement sur les accusations de complot et de trahison formulées contre lui par le capitaine Moussa Dadis Camara lors du procès des massacres du 28 septembre 2009.
«Ce sont des conneries qu’il a racontées. Tout le monde sait comment le CNDD a pris le pouvoir. J’ai respecté notre accord, c’est lui qui ne l’a pas respecté», tranche-t-il.
Konaté nie toute implication dans les événements sanglants du stade du 28 septembre.
«Ce jour-là, je n’étais pas à Conakry. J’étais à plus de mille kilomètres. Je n’ai ni ordonné, ni participé, ni couvert quoi que ce soit. C’est Dadis qui doit répondre de ses actes», a-t-il souligné.
L’ancien président de la transition affirme avoir été convoqué par la justice française dans le cadre de ce dossier, et appelle désormais à une implication de la Cour pénale internationale (CPI).
«Tant que la vérité ne sera pas dite, je continuerai ce combat. La CPI doit se saisir du dossier pour que Dadis reconnaisse ses mensonges», a-t-il promis.
Pour l’ancien homme fort de la transition de 2010, l’armée guinéenne a beaucoup changé sous Doumbouya.
«À l’époque du CNDD, c’était la pagaille. Aujourd’hui, l’armée est organisée et disciplinée. On ne peut plus occuper une fonction sans avoir suivi les cours nécessaires», a-t-il affirmé.
Au-delà des querelles de l’époque, Sékouba Konaté dit vouloir tourner la page du passé, mais exige la reconnaissance de la vérité.
«Je ne cherche pas la vengeance. Mais il faut que Dadis dise la vérité. Sinon, la lutte continuera jusqu’à la CPI. Il faut que l’histoire soit rétablie», a-t-il réitéré.
Enfin, le général Konaté se montre confiant dans le leadership du président Doumbouya et de son Premier ministre, le général Amara Camara.
«Ils ont 100 % de chances de réussir. Amara est un homme bien éduqué, loyal et juste. Doumbouya, lui, a redonné discipline et respect à l’armée. Ils forment un duo solide pour la Guinée», a-t-il déclaré.
L’ancien président de la transition se positionne comme un observateur lucide, défenseur d’une démocratie guidée par la volonté du peuple : «La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le reste, c’est secondaire».
Siby