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Madagascar : quand le cafouillage de Michael Randrianirina sème le doute

A Madagascar, ce vendredi marque un tournant décisif pour le nouvel homme fort du pays, le colonel Michael Randrianirina. Appelé à prêter serment devant la Haute Cour constitutionnelle, il prendra symboliquement ses fonctions de Président de la Refondation de la République de Madagascar. Mais avant même cette cérémonie solennelle, le colonel a pris la parole pour clarifier plusieurs zones d’ombre, notamment le sort des institutions républicaines dont il avait annoncé la dissolution. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses propos ont semé plus de confusion qu’ils n’ont apporté de réponses. A tel point qu’il est apparu comme un dirigeant hésitant, semblant ignorer où il veut aller et ce qu’il doit faire du pouvoir qui lui est tombé entre les mains.

Il faut décidément se méfier des premières impressions. Dimanche dernier, lors de ses premières déclarations devant la presse, le colonel Randrianirina avait donné l’image d’un officier calme, mesuré et sûr de lui. A l’aise dans l’échange, il paraissait maîtriser son sujet et soucieux d’apaiser les esprits dans un contexte politique tendu. Cette attitude avait suscité une certaine confiance quant à la suite des évènements. Mais cette sérénité de façade n’aura pas duré.

En effet, jeudi, en répondant aux questions des journalistes sur la dissolution des institutions, le colonel s’est visiblement contredit. Sans concertation préalable, il avait initialement annoncé la dissolution de la Haute Cour constitutionnelle et du Sénat, ainsi que la suspension de la Commission électorale, de la Haute Cour de justice et du Haut Conseil de défense de la démocratie et de l’État de droit. Mais, réalisant sans doute les conséquences politiques et juridiques d’une telle décision, il a fait volte-face, revenant sur certaines de ses annonces.

Une telle attitude ne peut que renforcer le sentiment d’impréparation. Le colonel donne l’image d’un dirigeant qui tâtonne, improvisant au fil des circonstances. Plus qu’un homme de vision, il semble être un chef d’unité militaire ayant opportunément récupéré la lutte initiée par le mouvement citoyen Gen Z. Autant dire qu’il ne faudra pas trop compter sur lui pour engager les réformes structurelles nécessaires à la stabilisation politique de Madagascar.

Par ailleurs, la divergence entre lui et la Haute Cour constitutionnelle sur la durée de la Transition illustre déjà les risques de tensions institutionnelles à venir. Quand le colonel évoque une période comprise entre 18 et 24 mois, la plus haute juridiction du pays parle, elle, de 60 jours. Une différence qui pourrait être mise à profit pour éviter que cette transition ne s’éternise, comme cela s’est vu ailleurs sur le continent.

Les jeunes du mouvement Gen Z, dont la mobilisation a ouvert la voie à ce changement, doivent surtout rester vigilants. Car c’est maintenant, dans cette phase de balbutiement, que tout peut basculer. Le colonel Randrianirina, encore vulnérable, pourrait se montrer ouvert au dialogue et à la concertation. Mais dans six mois, une fois consolidé au pouvoir, il pourrait bien devenir un autre homme. Parce que le pouvoir a ceci de singulier que quand on s’y installe, on finit souvent par s’y plaire.

Boubacar Sanso Barry

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