Adama Konaté ne pouvait-elle pas être sauvée si les agents de la police et de la gendarmerie présents sur les lieux avaient agi en toute conséquence ? Près d’une semaine après l’assassinat tragique de cette mère de famille par son bourreau Bangaly Traoré, dans la préfecture de Kankan, de plus en plus de citoyens pointent du doigt l’inaction des agents présents sur les lieux.
Dans la courte vidéo de l’acte diffusée sur les réseaux sociaux, on y voit des agents de sécurité discutant avec l’assassin plus de 5 minutes alors que la victime gisait dans une mare de sang, sans assistance.
Interrogé sur ce comportement des agents présents sur les lieux, le coordinateur régional de la MAOG n’y va pas par quatre chemins. Il condamne l’attitude des agents de sécurité. Sékouba Traoré souhaite d’ailleurs que ces agents soient interpellés et poursuivis pour non-assistance à personne en danger.
« On ne comprend pas l’inaction des agents de sécurité qui se trouvaient là-bas ce jour. Le présumé tueur était en face d’eux avec une arme blanche et, au même moment, la femme se vidait de son sang ; au lieu d’intervenir, ils se sont mis à amadouer le gars, et pourtant les agents sont formés pour ça. Et ça, c’est une non-assistance à personne en danger. Nous ne dénonçons pas les personnes, mais l’acte commis », précise l’activiste.
Abondant dans le même sens, Aissatou Kaba, une citoyenne qui a aussi visualisé la vidéo devenue virale sur internet, questionne l’attitude des forces de l’ordre. Selon cette mère, le comportement des agents sur le terrain n’a pas aidé la victime après le coup de poignard. Le temps perdu pouvait sauver celle-ci.
« Ils devraient venir et directement s’en prendre au monsieur. On a l’impression qu’ils ont eu peur de la mort et ont laissé la femme à elle-même. C’est vraiment triste », dénonce-t-elle.
Afin de dissiper toute ambiguïté, nous avons pris contact par téléphone avec un chirurgien de l’hôpital régional de Kankan. Celui-ci nous explique : « Je ne saurais vous dire avec exactitude si on pouvait sauver la femme ou non si elle arrivait le plus tôt possible. Et cela dépend aussi des lésions de la personne. Quelqu’un peut avoir une large plaie ; si celle-ci ne saigne pas, il peut être sauvé, tout comme on peut avoir une petite plaie, mais si vous saignez beaucoup, vous pouvez mourir entre cinq ou dix minutes. Cela dépend des lésions, et elle, c’était de graves lésions. C’est quelque chose qui n’a pas duré, mais le fait de poignarder la femme à l’intérieur du magasin, de prendre tout son temps et de la sortir après donnait peu de chances de survie à la femme ».
À noter que le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, présent dans la préfecture de Kankan, s’est rendu dans la famille mortuaire ce mardi et a pris l’engagement que justice sera rendue dans cette affaire.
Contacté, le procureur Marwane Baldé a déclaré que toutes les parties seront entendues dans ce dossier, y compris les agents sur le terrain.
En attendant l’ouverture du procès, le présumé assassin continue son séjour carcéral à la maison centrale de Kankan.
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