Les événements tragiques survenus au stade du 03 Avril de N’Zérékoré, le 1er décembre 2024 en marge du tournoi doté du trophée Général Mamadi Doumbouya, restent loin de connaître leur épilogue. Et ce, malgré le dépôt d’une plainte en bonne et due forme par le collectif des avocats de la partie civile, en collaboration avec la coordination régionale des ONG de défense des droits humains, il y a plusieurs mois.
Me Théodore Michel Loua, avocat au barreau de Guinée, rencontré ce vendredi 12 septembre 2025, rappelle que les premières démarches n’ont reçu aucune suite. « La première plainte déposée au parquet est restée sans réponse. Nous avons alors saisi le parquet général, mais sans succès », explique-t-il.
Selon lui, la procédure a pourtant été respectée.
« Nous avons déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du cabinet d’instruction du TPI, qui a fixé une caution que nous avons payée. Normalement, une fois la caution versée, le dossier doit être transmis au procureur de la République pour ses réquisitions. Mais jusqu’à présent, aucune information officielle n’a été communiquée ni à nous, avocats, ni au collectif des défenseurs des victimes », a dénoncé Me Loua.
Préoccupé par la lenteur du processus, l’avocat dit attendre la fin des vacances judiciaires pour relancer le dossier.

« En dehors des premières communications faites par le ministre de la Justice, plus rien. Mais quel que soit le temps que cela prendra, le droit sera dit. Les hommes passent, mais le droit demeure. La justice, on peut la piétiner, mais elle finit toujours par se relever pour ses victimes. Nous irons jusqu’au bout », a insisté Me Théodore Michel Loua.
De son côté, Emmanuel Fassou Sagno, coordinateur régional des ONG de défense des droits humains à N’Zérékoré, rappelle l’ampleur du drame : plus de 145 morts selon leur décompte, de nombreux blessés et des disparus.
« Jusqu’à présent, des familles continuent de pleurer parce qu’elles n’ont pas retrouvé leurs proches. Or, malgré la gravité de la situation, les autorités avancent à pas de caméléon dans la procédure », regrette-t-il.
Il dénonce également l’inaction de la justice.
« Une plainte régulière a été déposée au parquet du TPI de N’Zérékoré avec notification. Après plus de trois mois, le procureur devait donner une suite, comme la loi l’exige : soit classer la plainte sans suite, soit la juger recevable et la transmettre à un juge d’instruction. Mais rien n’a été fait », déplore Emmanuel Fassou Sagno.
Pour lui, l’étape de l’instruction devrait déjà être entamée.
« Le juge devrait commencer à entendre les victimes, qui sont les plaignants, mais aussi les présumés auteurs, c’est-à-dire ceux qui sont accusés », insiste-t-il.
Il faut rappeler que cette tragédie est survenue le 1er décembre 2024, lors de la finale d’un tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya, au stade du 03 Avril de N’Zérékoré. L’État, à l’issue de ses enquêtes, a annoncé un bilan de 56 morts et plusieurs blessés, tandis que le collectif des ONG de défense des droits humains parle de plus de 140 morts, de disparus et de nombreux blessés.
Foromo Fazy Béavogui, depuis N’Zérékoré


