À moins d’un mois de l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, Stat View International, partenaire national d’Afrobarometer, publie de nouvelles données qui dressent un portrait sans concession des priorités des citoyens guinéens. Entre besoins vitaux non couverts, inégalités régionales persistantes et pressions urbaines croissantes, ces résultats constituent un baromètre clé pour comprendre les attentes du pays.
Les chiffres sont sans ambiguïté : 57 % des Guinéens placent l’accès à l’eau en tête de leurs préoccupations, un bond qui fait de ce secteur le symbole des défaillances des services essentiels. Cette priorité domine dans six régions sur huit (Kindia, Mamou, Faranah, Kankan, N’Zérékoré et presque Boké), révélant :
- une pénurie structurelle hors de Conakry ;
- un problème transversal touchant zones urbaines et rurales ;
- de fortes inégalités régionales.
Deuxième pilier des préoccupations : les routes. 50 % des citoyens les classent parmi leurs priorités, et elles arrivent en tête à Labé.
Les infrastructures figurent dans le top 3 de six régions, révélant :
- la difficulté de circuler et d’accéder aux marchés ;
- des obstacles au développement local et à l’intégration économique ;
- un besoin urgent d’investissements publics ciblés.
La capitale se distingue nettement du reste du pays.
À Conakry :
- l’électricité est la première préoccupation (54 %) ;
- le chômage arrive en deuxième position (43 %) ;
- l’insécurité alimentaire frappe 40 % des ménages.
Ces données révèlent une urbanisation rapide, une dépendance forte à l’électricité pour les activités économiques et une pression grandissante liée au coût de la vie.
La santé occupe le 3ᵉ rang national (36 %) et se retrouve dans le top 5 de presque toutes les régions, sauf Conakry.
Elle n’apparaît comme première priorité qu’à Boké.
Cette situation traduit :
- des infrastructures sanitaires insuffisantes dans les régions ;
- une perception plus forte des fragilités du système hors de la capitale.
L’éducation, pourtant essentielle, n’émerge fortement que dans :
- Faranah (46 % -2ᵉ priorité) ;
- N’Zérékoré (41 % – 4ᵉ) ;
- Labé (26 %), à égalité avec la santé.
Fait marquant : Mamou est la seule région à mentionner l’insécurité/criminalité (22 %) parmi ses cinq premières priorités.
Une singularité qui laisse entrevoir des problématiques locales distinctes et des perceptions différenciées du risque.
La faim, désormais citée par 25 % des Guinéens, entre pour la première fois dans le top 5 des préoccupations, et atteint des niveaux préoccupants à Conakry (40 %).
Même si elle n’apparaît pas en tête partout, elle illustre une vulnérabilité croissante face à la cherté de la vie et aux crises économiques successives.
Au final, les données Afrobarometer révèlent une Guinée où :
- les besoins vitaux dominent : eau, routes, santé, électricité ;
- les réalités régionales divergent fortement entre Conakry et le reste du pays ;
- les défis socio-économiques : chômage, sécurité, éducation demeurent importants mais secondaires face aux besoins de base.
Ce tableau impose une évidence : les Guinéens attendent avant tout des réponses concrètes à leurs besoins essentiels. Les candidats devront désormais en tenir compte.
N’Famoussa Siby


