Le gouvernement guinéen, à travers le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, a rendu publique ce lundi la dissolution du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), cette structure qui s’est révélée à l’opinion publique par sa farouchement opposition au troisième mandat d’Alpha Condé devenue la nouvelle bête noire de la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée le 5 septembre dernier. Dans sa décision annoncée hier soir, le ministre Mory Condé a reproché au mouvement de plusieurs actions dont la constitution d’une milice armée.
Mais à l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) on ne l’entend pas de cette oreille. Pépé Francis Haba, président de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD) et président de la commission politique de l’ANAD, se dit très surpris de cette décision du ministre Mory Condé qui s’est basé sur le régime des associations en Guinée pour prendre cet acte. Car le FNDC n’est pas légalement constitué en Guinée. « Nous avons été très surpris que le ministre de l’Administration du territoire prenne une décision en se référant au régime des associations en voulant dissoudre le FNDC. Le FNDC n’est pas une association légalement constituée, donc la décision du ministre ne devrait pas se référer au régime des associations. Cela voudrait dire donc que c’est une décision illégale, nulle et de nul effet », a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé à des journalistes du Djely.
Au nombre des « motifs » qui ont prévalu à cette dissolution de la structure anti-troisième mandat, M. Condé a écrit dans sa décision que le FNDC « s’est toujours illustré par la voie de violence sur les personnes, la dégradation et la destruction des biens publics et privés, des actes d’incitation à la haine ou la discrimination contre les personnes en raison de leur origine ou leur idéologie », entre autres. Pour Francis Haba, ces arguments sont infondés pour prendre une telle décision. « Ils ont le pouvoir de dissoudre un mouvement mais la motivation de la décision n’est pas fondée, puisque le régime des associations n’est pas applicable au FNDC. Ils devraient peut être prendre une décision d’interdiction des activités du FNDC sur toute l’étendue du territoire mais c’est quand même étonnant de la part de ce ministre là (Mory Condé) qui aime énormément la confrontation », regrette-t-il, accusant la junte militaire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya de « vouloir certainement s’éterniser au pouvoir ».
Et d’ajouter : « C’est à nous les forces politiques de nous organiser et de les emmener autour de la table de dialogue et de leur dire attention, ce pays là vous n’êtes pas les seuls Guinéens et vous n’avez pas le titre foncier de la Guinée. Nous devons discuter et trouver les voies et moyens pour sortir notre pays de sa situation actuelle, et c’est ce travail que nous sommes en train de faire. Hier nous étions au QG de CBG (RPG, les centrales syndicales, les partis politiques) pour nous demander de nous rassembler. C’est ce rassemblement là que nous sommes en train de favoriser pour que les forces vives puissent naître, qu’il y ait une synergie des actions pour le retour à l’ordre constitutionnel ».
Parlant des relations avec le mouvement désormais dissout, Francis Haba a confié que « les membres du FNDC sont des partenaires traditionnels de l’ANAD. « Je pense qu’ils continueront leur combat pour la démocratisation de notre pays afin que les fils et filles de la Guinée bénéficient des richesses qu’elle regorge », a-t-il conclu.
Près de vingt-quatre heures après l’annonce de sa dissolution, le Front national pour la défense de la Constitution n’a toujours pas réagi à cette décision. Reste à savoir comment le mouvement compte s’y prendre face à ce qui apparaît maintenant comme le début de sa fin.
N’Famoussa Siby