Serait-ce la conséquence de la mauvaise passe que traverse la compagnie ? En tout cas, à ce rythme-là, la très prometteuse aventure d’Air Sénégal est partie pour piquer du nez. Et même, la très salutaire décision d’ouvrir une ligne directe Dakar-New York, pourrait tourner court. Menacée qu’elle est par le service minable offert à bord des vols.
Pourtant, en raison du fait que Dakar est la partie de la côte africaine la plus proche des Etats unis, les responsables de la compagnie avaient réussi à rafler une bonne partie de la clientèle d’Air France qui, d’habitude assurait ce trajet pour beaucoup de pays africains. Le vol ne prenant plus que 6 à 7 heures, les voyageurs africains en partance et à destination des USA auraient pu bondir sur l’occasion, si la qualité du service suivait. Mais c’est justement ce dernier aspect qui n’est pas réglé. Et si ce à quoi nous avons assisté lors du dernier vol que j’ai emprunté ce samedi perdure, on peut parler d’une mort programmée de cette compagnie.
En empruntant la ligne Dakar New-York, on se croirait dans un camion de transport de bétail où l’essentiel est de trouver une place à l’intérieur. Le tout étant de déposer les bêtes saines et sauves à leur propriétaire. Dans ce vol long courrier Airbus A330 Coredon, tout manquait: pas de couverture, pas de télévision, pas d’écouteurs et même certains fauteuils n’avaient pas de tablier pour les repas. Les passagers sont donc exposés au froid et tant pis pour ceux qui souffriraient de rhumatisme. Une des hôtesses à laquelle nous avons posé la question, plutôt gênée, a indiqué que les griefs des clients sont systématiquement remontés aux responsables. Mais la léthargie demeure. Une apathie et une négligence qui exposent les membres d’équipage à la colère et aux insultes des passagers. Conséquence, l’engouement suscité au lancement de la ligne s’estompe peu à peu.
En tout cas, un passager avec qui j’ai voyagé jure qu’il ne reprendra plus un avion de la compagnie. Parti de Conakry le samedi 22 octobre, il est arrivé à l’aéroport Ahmed Sékou Touré à 18 heures, pour un vol dont le départ était initialement programmé à 20 heures. Après les formalités, le personnel lui dit que le départ prendrait un « léger retard ». Mais ce n’est qu’à 23 heures que l’avion décolle de Conakry. Soit 5 heures d’une attente haletante. Atterrissage à Dakar à minuit. Sans le savoir, une autre pénitence l’y attendait. En effet, le personnel, invoquant le retard accusé depuis Conakry, leur apprend qu’ils devront de nouveau attendre. Du coup, le vol qui devait partir à minuit, ne quitte la capitale sénégalaise qu’à 3 heures du matin.
« Une fois à bord de ce vieux Boing Airbus A330 Coredon, la pénitence dont on croyait s’être débarrassée se double de l’ennui. Aucun écran de télévision n’est opérationnel, pas de couverture et plus grave, pas d’écouteurs pour pouvoir consommer la distance avec les distractions. Malgré toute la bonne volonté de l’équipage que je salue de passage pour sa patience et son professionnalisme, tout lui manque pour accomplir correctement son travail. j’ai demandé à avoir une couverture, impossible, il a fallu qu’un membre de l’équipage me passe la sienne”, me confie-t-il distinctement.
La plupart des compagnies africaines sont mortes pour des questions de mauvaise gestion financière ou d’un manque de réactivité face aux réclamations des clients.
Il est encore temps que la direction d’Air Sénégal écoute ses clients, si elle espère continuer à voler dans le ciel africain. Autrement, son extinction est programmée. Il lui faut sortir de l’amateurisme et avoir une vision stratégique de son développement en mettant le client au centre des préoccupations comme l’exige la qualité.
Bangaly Cissé