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Sommet de Paris : Mahamat Idriss Deby, la tâche noire

Comme promis, le sommet sur le pacte financier mondial s’est ouvert ce jeudi 22 juin 2023 à Paris, la capitale française. Et franchement, les thèmes qui sont au débat sont plutôt intéressants. Par exemple, personne ne peut nier la pertinence de cette plainte qui revient sans cesse de la part des pays du Sud, au sujet de l’injustice que représente pour eux, le changement climatique. Eux qui ne sont nullement responsables de la dégradation du climat sont pourtant les plus affectés par les conséquences de celle-ci. Et pour en rajouter à leur colère légitime, les grandes puissances trainent toujours pour verser les compensations auxquelles ils ont légitimement droit.

Vilain paradoxe

On se réjouit par ailleurs pour la Zambie, en défaut de paiement depuis 2020, mais qui a récolté l’accord de restructuration de sa dette au terme de la première journée du sommet. Mais ce n’est pas comme si tout dans ce sommet est parfait. Justement, au nombre des aspects qui ne répondent à aucune logique, il y a le président de la Transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby. A la tête d’une junte comme celles qui trônent au sommet de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso, lui qui est de surcroit l’incarnation d’une succession dynastique, n’avait pas davantage sa place à cette rencontre. Or, il était non seulement là, mais en plus il s’est autorisé quelques critiques à l’égard des grandes puissances, responsables de la pollution de la planète. Chef de junte, donneur de leçon ! C’est au parti pris de la France et à la préférence assumée de Macron que l’on doit ce vilain paradoxe.

Grilles de lecture

Vilain paradoxe qui illustre le fait que le président français, n’a soit pas compris ce que l’on dénonce de sa politique africaine, soit a décidé d’ignorer ces dénonciations. En effet, au nombre de ce que l’on dénonce ces dernières années de la politique africaine de la France, il y a le sempiternel deux poids deux mesures. Autrement, cette tendance à avoir des grilles de lecture différentes voire même totalement opposées, à l’égard des dirigeants africains, selon qu’ils sont amis ou non du locataire de l’Elysée. Or là, on est en plein là-dedans. Quand Assimi Goïta est cloué au pilori à tout bout-de-champ, Mahamat Idriss Déby, lui, est accueilli dans tous les cénacles, comme s’il était un dirigeant ordinaire. Ce n’est pas normal. Surtout si l’on y ajoute le lourd passif de la répression sanglante que le pouvoir tchadien a réservée le 20 octobre 2022 à la manifestation de l’opposition. Comment le discours du président français peut-il être audible, quant à sa volonté de faire évoluer les rapports entre l’Afrique et son pays, s’il déroule le tapis rouge et sert ainsi de parrain à un dirigeant dont tous les opposants sont contraints à l’exil ? En quoi une telle attitude serait-elle si différente de l’approche russe ou de la Chine ?

Symbole de l’inconséquence

Mais dans ce débat, nous devons nous attarder sur l’attitude du président tchadien lui-même. Qu’il lui soit permis de prendre part au sommet sur le nouveau pacte financier mondial est une chose. Mais de là à ce qu’il s’autorise à donner des leçons à certains participants, il y a un fossé qu’il aurait dû se garder de franchir. Un président issu d’un coup d’Etat, cela doit rimer avec beaucoup plus d’humilité. Mais ce n’est pas ce qu’a fait Mahamat Idriss Déby. Ainsi, il a flétri le fait que les grandes puissance, responsables de la pollution de la planète avec leurs industries, énergivores et émettrices par excellence du gaz carbonique, ne se bousculent pas pour aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences du changement climatique. En soi, la complainte ne manque pas de sens. Mais est-ce à un président qu’on soupçonne de vouloir garder le pouvoir que son père a déjà détenu 30 ans durant, de porter un tel message ? Absolument non ! Quant au débat sur la dette des pays africains, le président tchadien est surtout celui qui ne devait pas s’en mêler. Parce que le Tchad est justement le symbole de l’inconséquence d’une certaine Afrique. Comment comprendre en effet que ce pays, parmi les plus grands producteurs du pétrole sur le continent africain, en soit encore à tendre la main et à vouloir vivre de la dette contractée auprès de créanciers étrangers ? Qu’a-t-on fait des ressources issues de l’exploitation du pétrole durant le long règne de Deby père ?

Tares intérieures

Oui, quand cela est strictement nécessaire, il faut solliciter le concours des autres. Mais nous ne le dirons jamais assez, si en Afrique, on ne s’impose pas une certaine discipline et de la rigueur dans la gestion de nos ressources, notre mal persistera. Notre mal persistera aussi longtemps que notre patriotisme sera davantage un slogan de circonstance et un élément de langage politique qu’une réalité que nous nous devons de traduire dans nos actes et comportements de tous les jours. Sans ces conditions préalables, malgré nos immenses richesses que les autres convoitent tant, nous continuerons à tourner en rond. Aussi, commençons par nous regarder dans le miroir et tâchons de gommer nos tares intérieures. Le reste de la bataille n’en sera que facilitée.

Boubacar Sanso Barry

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