Les autorités font-elles amende honorable ? Alors qu’il était resté curieusement silencieux sur les quatre dernières victimes enregistrées dans le sillage de la manifestation appelée par les Forces vives, le 5 septembre 2023, par l’entremise de son porte-parole, le gouvernement a été amené à en parler ce jeudi 7 septembre. Ce, dans le cadre du débriefing qu’Ousmane Gaoual Diallo faisait à la suite du conseil des ministres. Il promet que les autorités iront dans les familles des victimes pour présenter les condoléances et que les auteurs seront recherchés pour être traduits devant la justice. Mais le porte-parole du Gouvernement interroge aussi la responsabilité de ceux qui avaient appelé à cette manifestation.
Critiqué pour le peu de compassion dont il a jusqu’ici fait montre à l’endroit des familles de ceux qui sont tombés dans le sillage des manifestations politiques, le gouvernement semble accuser le coup. En tout cas, son porte-parole, comme s’il admettait la pertinence de ces critiques, a promis hier : « Nous allons présenter les condoléances aux familles des victimes ». Mais ne s’y attardant guère, il a poursuivi en prenant un autre engagement : celui « d’enclencher des processus judiciaires pour mettre la main sur les auteurs, qu’ils soient des forces de défense et de sécurité ou autres, ainsi que les commanditaires, et les arrêter ».
Mais il appelé à ne pas se faire d’illusion : « Néanmoins, même si on mettait la main sur tous les auteurs, on les ramenait, ça ne ramène pas à la vie ceux qui sont partis. C’est déplorable ». Par conséquent, selon lui, c’est davantage la responsabilité de ceux qui appellent aux manifestations qu’il faut interroger. Ils doivent notamment, selon le porte-parole du gouvernement, « prendre en compte cette difficulté pour encadrer leurs revendications ».
Au-delà, « quand vous appelez les populations à la rue, vous avez deux responsabilités : la première, c’est d’encadrer ; la deuxième, lorsqu’il y a des difficultés de faire la manifestation, c’est d’orienter les gens pour qu’ils rentrent chez eux. Mais lorsque vous appelez la manifestation et que vous restez terrés chez vous, même 48 heures après vous ne dites rien, c’est de l’irresponsabilité. Il faut s’assumer. Je n’ai pas dit que les leaders doivent être dans la rue ou pas, mais ceux qui appellent la manifestation, ce sont des organisations. Ils sont nombreux dans les quartiers, ils ont des militants, ils ont des cadres. Pourquoi personne d’entre eux ne sort à l’occasion des manifestations pour dire attention, rentrons chez nous tranquillement, ce qu’on a voulu faire ne marche pas ? Ce n’est pas responsable. Il faut qu’on apprenne aussi cette responsabilité-là. Quand on appelle les gens dans la rue, on doit être là pour amener des gens à être à côté de ceux qui répondent pour les orienter dans tous les cas. Mais ils ne sont nulle part. Et le lendemain, c’est les premiers à commencer à se réjouir du décompte des victimes. C’est même méchant, parce que ceux qui meurent là, c’est une perte pour leur famille, c’est une plus grande perte pour le pays », a flétri Ousmane Gaoual Diallo.
Aminata Camara