À l’occasion du 2 octobre, date anniversaire de l’indépendance de la Guinée, le président de la transition, Mamadi Doumbouya, a annoncé l’octroi d’une couverture médicale intégrale pour plus de 1 000 hommes et femmes du secteur culturel guinéen. Cette initiative, pilotée par le ministère de la Culture et du Tourisme et de l’Artisanat vise à offrir une protection sanitaire annuelle, renouvelable chaque année aux artistes enregistrés au Bureau guinéen du droit d’auteur (BGDA).
Les acteurs culturels guinéens ont chaleureusement accueilli cette décision qui vient en appui à une profession souvent vulnérable. Pathé Moloko, président de l’association des artistes du Fouta, exprime sa reconnaissance. « C’est un devoir qu’il a accompli. Avant, c’était 400 000 francs guinéens par an. Désormais, le ministère prend en charge la couverture sanitaire, mais cette prise en charge est surtout destinée aux artistes âgés ou malades, pas aux jeunes en bonne santé », a indiqué l’artiste.
Cette prise en charge est vue comme une réponse aux besoins pressants de nombreux artistes, souvent démunis lorsqu’il s’agit de soins de santé. Pour Facinet Sylla, membre de l’Union nationale des artistes et musiciens de Guinée (UNAMGUI), cette mesure est un tournant majeur dans la vie des artistes guinéens. « Avant, un artiste tombait malade et aucun membre du gouvernement n’intervenait jusqu’à ce que la personne meure. Aujourd’hui, cela change », se réjouit-il.
Pour Mohamed Lamine Diallo (Mamadou Thug), conseiller au CNT, cette initiative présidentielle est à saluer en ce sens qu’elle impacte positivement le secteur culturel. « C’est un appui à la culture guinéenne. Les 1 000 artistes que nous recensons ne font pas l’éloge du président, mais ils reconnaissent la portée de son geste. Un artiste est un porteur de voix, une figure qui dit la vérité, au-delà de toute considération politique. Aujourd’hui, personne ne peut utiliser les artistes à des fins politiques », soutient-il. Cependant, il rappelle que cette couverture médicale, bien que généreuse, ne doit pas occulter la responsabilité personnelle des artistes envers leur propre santé et bien-être. « Le président a fait un geste, mais ce n’est pas une obligation. Les artistes doivent aussi penser à réserver une part de ce qu’ils gagnent pour leur santé, pour l’assurance de leur avenir et celui de leurs enfants », poursuit-il.
Cette décision marque une avancée significative dans la reconnaissance et la valorisation des artistes en Guinée. En plus de leur rôle essentiel dans la société, souvent porteurs de messages universels et promoteurs de la culture, ils sont désormais mieux protégés face aux aléas de la vie.
Thierno Amadou Diallo