Le 1er décembre 2024, un drame effroyable a frappé N’Zérékoré lors de la finale d’un tournoi de football organisé par l’« Alliance des jeunes leaders de la forêt ». Alors que le gouvernement avait initialement annoncé un bilan de 56 morts, les organisations de défense des droits de l’homme de la région évoquent plutôt 135 victimes, principalement des enfants de moins de 18 ans.
Selon des témoignages recueillis dans les hôpitaux, les mosquées, les églises et auprès des familles des victimes, cette tragédie est également marquée par des dizaines de blessés et plus de 50 disparus. « on estime aujourd’hui à 135 personnes, dont majoritairement des enfants de moins de 18 ans, qui ont trouvé la mort au stade du 03 avril de N’Zérékoré ». « Ce tournoi, soutenu par le CNRD, a endeuillé plusieurs de nos familles et enlevé à la fleur de l’âge plusieurs de nos enfants et petits-enfants », déplore le collectif des organisations de défense des droits de l’homme dans une déclaration publiée ce 3 décembre.
Le drame est le résultat d’une série de défaillances et de violences, notamment des jets de pierres liés à un arbitrage contesté, un usage excessif de gaz lacrymogènes dans un espace clos, des sorties obstruées par des véhicules de sécurité, et une surcapacité mortelle dans le stade. « Les bousculades, l’escalade des murs par des supporteurs cherchant à sauver leur vie, et malheureusement, les ont perdus », décrit le communiqué, ajoutant que le stade était bien rempli bien au-delà de sa capacité d’accueil.
En réponse, les organisations locales appellent à l’arrestation immédiate des organisateurs du tournoi et demandent au procureur de la République d’ouvrir une enquête judiciaire. Elles exhortent également les familles des victimes à se constituer en association pour porter plainte au niveau national et international.
Alors que le CNRD avait interdit toute manifestation de soutien sur la voie publique, le tournoi s’est déroulé avec leur appui financier et technique, selon les défenseurs des droits de l’homme. À N’Zérékoré, où la douleur et la colère dominent, les populations sont invitées au calme pour « que justice soit faite et que la cohésion sociale soit maintenue ».
Thierno Amadou Diallo et Niouma Lazarre Kamano