Ça y est, Donald Trump est officiellement installé dans le Bureau ovale, comme 47ème président des Etats-Unis d’Amérique. Et comme il s’y est engagé durant la campagne électorale, le milliardaire de 78 ans entend dédier son nouveau mandat à l’Amérique d’abord. C’est ainsi que dans son discours d’investiture, il a très peu été question de la politique étrangère qu’il entend mener durant les quatre prochaines années. Tout juste, promet-il d’endosser le costume de faiseur de paix à travers le monde. A l’inverse, il a martelé son désir de débarrasser son pays des migrants illégaux et de redonner aux Etats-Unis sa grandeur perdue, selon lui. Difficile donc de savoir ce qu’il réserve en particulier à l’Afrique qui ne pèse pas grand-chose à ses yeux. Même s’il est aisé de deviner que le continent africain est concerné par la guerre que le nouveau président américain promet de livrer contre les immigrés. Par ailleurs, l’hostilité que Donald Trump voue à la Chine pourrait bien le conduire à revoir son approche sur l’Afrique.
L’immigration, l’Afrique concernée à la marge
Donald Trump l’a de nouveau redit ce lundi 20 janvier 2024, dans son discours d’investiture. L’immigration demeure sa première cible. D’où les nombreuses annonces qu’il a faites à ce sujet : état d’urgence à la frontière sud, fin du droit du sol, expulsions massives de migrants illégaux, etc. Des annonces et encore des annonces. A croire que le président Trump est encore en campagne. Mais en l’occurrence, il pourrait s’agir d’une stratégie de la part du milliardaire républicain. Lui qui sait qu’entre ses promesses de campagne et l’application de certaines mesures, il y a tout un océan, a voulu saisir l’occasion de son investiture pour envoyer un message d’assurance en direction de ses partisans. Parce qu’en réalité, au-delà des effets d’annonce, il n’y aura pas grand-chose. En tout cas, pas autant que certains électeurs de Trump l’espèrent. Entre les recours juridiques, les obstacles logistiques, les coûts financiers et la pertinence économique, certaines des mesures pourraient ne jamais être appliquées. Encore que l’Afrique ne sera concernée qu’à la marge. C’est le cas en particulier des expulsions qu’on annonce massives. Cela touchera en premier lieu des immigrés originaires des pays de l’Amérique latine. Le continent africain serait davantage affecté par des mesures visant à restreindre l’arrivée sur le sol américain. Mais là aussi, ceux des Africains qui désirent se rendre aux Etats-Unis ont dû se préparer en conséquence. Vu que tout le monde savait à quoi s’attendre avec ce nouveau président-là, en matière d’immigration tout au moins.
Des marges plus importantes pour l’Afrique
Outre le prisme de l’immigration, l’Afrique pourrait bien intéresser la nouvelle administration américaine, en vue d’y contrer la progression de certains de ses rivaux. A ce sujet, on pense en premier lieu à la Chine qui perturbe le sommeil de Donald Trump. Quasiment traumatisé par les progrès de l’Empire du milieu, le président américain pourrait ne pas être insensible à l’influence grandissante que le pays de Xi Jinping engrange en Afrique. Cela pourrait conduire les Etats-Unis à se montrer plus attentifs à l’égard des principaux partenaires de la Chine sur le continent. Il s’agit notamment de l’Afrique du sud, du Nigéria ou encore de l’Egypte. Fournisseurs essentiels de la Chine en minerais, la RD Congo et la Guinée pourraient également revêtir un certain intérêt pour les Etats-Unis. Il en est de même de l’Angola, du Tchad, mais aussi du Soudan dont les ressources notamment pétrolières font également l’objet de convoitises. Dans la même veine, il est possible que les Etats-Unis s’impliquent un peu plus dans la résolution de la crise politico-sécuritaire dans les pays de l’AES et plus globalement dans le Sahel. Ce n’est pas que les présidents en treillis issus des coups d’Etat gênent en quoi que ce soit le président Trump. Mais les liens étroits que ces dirigeants entretiennent avec Moscou peuvent être perçus comme une menace aux intérêts américains dans la région. C’est dire qu’Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahmane Tiani pourraient intéresser Washington. Mais il est sans doute trop tôt pour se faire une idée de l’outil dont Donald Trump se servira à leur égard : la carotte ou le bâton ?
Thierno Amadou Diallo