La Guinée s’apprête à accueillir un événement inédit dans le paysage médiatique du continent. Les 26 et 27 juin 2025, Conakry sera le théâtre de la première édition de la Rencontre des journalistes africains de Conakry (REJAC), placée sous le thème : « Journalisme et intelligence artificielle ».
L’initiative, lancée ce vendredi par le journal « Le Punch », est portée en partenariat avec la Haute Autorité de la communication (HAC) et le ministère de l’Information et de la communication. Dès la cérémonie d’annonce, les organisateurs ont affiché une ambition claire : inscrire durablement la REJAC dans l’agenda médiatique africain.
Lamine Mognouma Cissé, président du comité d’organisation, a souligné l’importance de créer un cadre d’échanges entre professionnels des médias africains, dans un contexte de profondes mutations.
« Nous avons voulu une rencontre africaine des journalistes, organisée par des journalistes, pour discuter entre nous, à partir de nos propres réalités, des mutations profondes qui bousculent notre métier. Le journalisme vit une période de turbulence, de perte de repères, d’ébranlement économique et d’effritement de la crédibilité. Il est urgent d’en parler. Il est urgent de nous retrouver. Il est urgent de nous mobiliser autour des valeurs fondatrices de notre métier », dit-il.
L’intelligence artificielle au cœur des débats
Le choix du thème principal n’est pas anodin. L’intelligence artificielle, déjà omniprésente dans la production et la diffusion de l’information, soulève autant d’espoirs que de craintes.
Ismaël Camara, membre du comité d’organisation, souligne : « Cette technologie a déjà commencé à bouleverser notre manière de produire l’information. Entre espoir d’efficacité et crainte de déshumanisation, il est crucial que les journalistes africains s’emparent de ces enjeux. Il faut que nous puissions débattre, nous former, et surtout définir nos propres balises éthiques face à cette révolution ».
Un programme riche et des ambitions fortes
Trois panels majeurs rythmeront les deux journées, autour de thématiques cruciales :
- Journalisme et intelligence artificielle
- La presse écrite à l’ère du numérique
- Le journaliste face aux risques de manipulation
En parallèle, une formation sera offerte à de jeunes journalistes et étudiants sur la couverture médiatique en période de crise.
Une dynamique panafricaine affirmée
Bien que porté par un média privé, le projet bénéficie d’un fort appui institutionnel. Aboubacar Condé, président de la commission d’organisation, s’en réjouit : « Cette première édition bénéficie d’un accompagnement de taille, à commencer par la Haute autorité de la communication, le ministère de l’Information et de la communication, mais aussi d’autres départements et institutions qui ont cru en cette idée. Nous avons aussi reçu le soutien de plusieurs figures de la presse africaine, qui seront présentes à Conakry pour partager leurs expériences ».
Boubacar Sanso Barry, coordinateur adjoint, insiste sur la portée continentale de la REJAC. « C’est des thématiques qui transcendent les enjeux locaux. Ce sont des enjeux panafricains. Les médias sur le continent sont confrontés à cette problématique du rapport entre l’intelligence artificielle et la pratique du journalisme. Dans tout le continent, on a le débat entre la presse écrite et le numérique. Dans tous les pays africains, on a le débat sur le risque de manipulation du journalisme », soutient-il.
Il lance par ailleurs un appel fort : « Nous voulons que la REJAC devienne un rendez-vous annuel de la presse africaine. Un lieu de rencontre, de débats, mais aussi de solidarité entre professionnels. La presse guinéenne, à travers cette initiative, veut montrer qu’elle est capable d’innover, de rassembler et de jouer un rôle moteur dans les dynamiques africaines ».
Une réponse collective aux défis du journalisme
Dans un contexte marqué par la désinformation, la précarité et la transformation accélérée du métier, la REJAC entend proposer une réponse collective et panafricaine, en réunissant les forces vives du journalisme africain autour d’un dialogue ouvert, lucide et constructif.
Thierno Amadou Diallo