Pour le Paris Saint-Germain et ses supporters, le week-end a été tout simplement historique. Samedi 31 mai 2025, le club parisien a remporté la finale de la Ligue des champions de l’UEFA face à l’Inter Milan (5-0), s’offrant enfin ce sacre européen tant convoité depuis plus d’une décennie. Ce triomphe permet au PSG de rejoindre l’Olympique de Marseille dans le cercle très fermé des clubs français champions d’Europe. Dès lors, les scènes de liesse observées à Paris et dans d’autres villes françaises étaient non seulement attendues, mais pleinement compréhensibles. Mais la célébration ne s’est pas arrêtée aux frontières hexagonales. De Conakry à Rabat, de Nouakchott à Abidjan, les supporters africains du PSG ont eux aussi laissé éclater leur joie. Et ce, malgré un climat géopolitique tendu, où les relations franco-africaines sont, ces dernières années, marquées par la méfiance et les tensions postcoloniales.
Le sport, et plus particulièrement le football, a ceci de singulier qu’il transcende les barrières idéologiques, balaie les rancœurs politiques et relie les peuples dans une émotion partagée. Ainsi, la victoire éclatante du PSG a trouvé un écho jusque dans les rues de Bamako et de Niamey. Car si l’on peut démanteler des bases militaires ou expulser des diplomates, on ne saurait expulser la passion du football.
Mais dans le cas du PSG, il ne s’agit pas uniquement de passion désintéressée. Ce qui a fait battre le cœur de tant de jeunes Africains au rythme des cinq buts infligés à l’Inter Milan, c’est aussi la présence sur le terrain de joueurs qui leur ressemblent. Des noms comme Achraf Hakimi, Ousmane Dembélé, Désiré Doué, Bradley Barcola, Warren Zaïre-Emery ou encore Senny Mayulu, sont autant de symboles d’une fierté partagée au Maroc, en Mauritanie, au Mali, au Sénégal, au Togo, en Centrafrique et en RD Congo . A l’inverse, l’Inter Milan ne comptait, ce soir-là, aucun joueur issu du continent africain.
Pour certains supporters africains, par ailleurs fans du Real Madrid ou du FC Barcelone, le choix était donc vite fait. Privés de leurs équipes habituelles, ils se sont ralliés au PSG, portés par cette représentation incarnée de l’Afrique dans l’élite européenne.
Ce fort contingent de joueurs d’origine africaine au sein du club parisien, certains voudront le mettre au crédit d’une prétendue politique d’ouverture et de diversité qui caractériserait le football français depuis plusieurs décennies. Mais il rappelle surtout que, malgré le débat récurrent sur l’immigration en France, le talent africain y a souvent trouvé sa place. Déjà en 1998, l’équipe championne du monde avait symbolisé un certain modèle d’intégration. En 2025, le PSG champion d’Europe en offre une nouvelle illustration. Le slogan n’est peut-être plus martelé, mais dans les faits, « l’immigration choisie » se vit au moins dans les pelouses et les vestiaires françaises.
Un autre trait de rapprochement de cette victoire avec l’Afrique, c’est la récupération politique. En France comme en Afrique, les dirigeants savent instrumentaliser les victoires sportives pour se reconnecter à une jeunesse souvent en rupture. Emmanuel Macron, prompt à féliciter publiquement le PSG, s’est emparé du triomphe pour envoyer un message d’unité et de fierté nationale. Une attitude qui rappelle celle de nombreux chefs d’Etat africains, qui investissent massivement la CAN ou toute autre compétition majeure, espérant y trouver un moment de répit dans les tensions sociales.
En somme, ce sacre du PSG n’est pas seulement une victoire sportive. Il est aussi, peut-être, un moment suspendu, un rare instant de résonance positive entre la France et l’Afrique. Un répit, certes éphémère, mais ô combien instructif dans un contexte chargé de malentendus et de désillusions mutuelles.
Boubacar Sanso Barry