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Mali : vers un pays sans partis politiques ?

Au Mali, de la refondation qui nous a été promise, serait-on en train de voguer vers un braquage de l’espace politique par la junte au pouvoir ? C’est en tout cas ce que les partis politiques pensent de l’initiative dite de la relecture de la charte qui encadre leurs activités dont la phase nationale a commencé hier, au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Derrière le concept en apparence neutre de la ‘’relecture’’, se cache, selon eux, une velléité de réduction drastique du nombre des formations politiques par les autorités via une dissolution qui conduirait ensuite à la création de deux ou trois nouveaux partis qui seront naturellement acquis aux dirigeants actuels du pays. La menace sur l’avenir démocratique du Mali est telle que les acteurs ont bravé leur peur et tous les risques pour hausser le ton. Mais la junte n’en a cure. Elle devrait faire adopter des résolutions qui consacreront ce recul d’envergure.

Sur les traces du Burkina Faso et du Niger

On était enclin à penser que des trois pays de l’AES, le cas malien était le moins pire. Assimi Goïta et ses camarades s’étant relativement gardé de déclarations tonitruantes ces derniers mois. Et même, d’une certaine façon, le pays et ses dirigeants passaient dans la conscience collective pour la locomotive du nouveau bloc sous-régional. Mais avec cette menace brandie contre le pluralisme politique, les autorités maliennes se laissent plutôt inspirer par leurs homologues du Burkina Faso et du Niger. En effet, dans ces deux pays, les partis politiques, tous dissous, n’ont plus désormais d’existence juridique. Et c’est ce à quoi l’espace politique malien pourrait ressembler très prochainement. Car, personne n’est dupe. C’est bien l’objectif ultime qui sous-tend cette fameuse relecture de la charte des partis politiques. En cela, les propositions phares issues des concertations organisées au niveau régional sont suffisamment illustratives. Des propositions émanant de « forces vives » dont la composition est à la seule discrétion des autorités et la légitimité plus que douteuse.

Un discours qui passe de moins en moins

Justement, cette opacité est la source de tous les problèmes à propos de ce rabotage en perspective. Dans l’absolu, un pays confronté à une crise paraissant aussi insoluble que celle en rapport avec la question sensible des Touaregs au Mali, on comprendrait bien que le débat du rapport du pluralisme politique à la construction de la Nation soit posé. Mais une telle réflexion devrait se faire de manière dépassionnée et en y associant tout le monde, sans à priori aucun. Par ailleurs, si la question de la Nation que l’on met souvent en avant, était le véritable motif de l’initiative en cours, les partis politiques ne seraient point les seuls concernés. Logiquement, se poseraient aussi les questions de justice notamment sociale, d’équité territoriale, d’allocations des investissements publics, entre autres. Mais comme on le voit, pour les autorités maliennes et la frange des forces vives dont elles se prévalent, les partis politiques sont subitement le mal incarné. De fait, ce discours nous a été servi pour légitimer tous les coups d’Etat que la région a enregistrés depuis bientôt cinq ans. Sauf qu’il passe de moins en moins, vu qu’avec le recul, on sait que les militaires, eux non plus, ne sont pas la solution-miracle.

Une tendance plus marquée

Malheureusement, le réveil pourrait être bien tardif. En effet, les responsables militaires contrôlent désormais les principaux leviers du pouvoir dans tous ces pays. De même qu’ils ont en profité pour asseoir leur propre légitimité. Cela va même de plus en plus au-delà des pays en transition militaire. C’est ainsi qu’au Nigéria également, on s’inquiète de l’instauration par le président Bola Tinubu d’un régime de parti unique. Alors qu’en Guinée Bissau, l’opposition politique a dû se retrouver à Paris pour pouvoir se concerter. C’est dire qu’on est en présence d’une tendance plus marquée qu’on pourrait l’imaginer.

Boubacar Sanso Barry  

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