Ce vendredi 23 mai, l’Association Guinéenne pour le Bien-Être Familial (AGBEF), en collaboration avec la coalition « C’est la Vie » du Réseau Africain pour l’Éducation à la Santé, a organisé une table ronde à Conakry. Cette rencontre s’est tenue sous l’égide du Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation, et a réuni plusieurs partenaires techniques et financiers engagés dans la promotion de la santé reproductive et de l’Éducation à la Vie Familiale (EVF) en Guinée.
Au cœur des échanges figuraient des questions cruciales telles que l’accès des jeunes à des informations fiables sur la santé sexuelle et reproductive, la prévention des grossesses précoces et non désirées, ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). L’Éducation à la Vie Familiale, présentée comme un levier stratégique, a occupé une place centrale dans les discussions.
L’AGBEF a annoncé avoir déjà formé 4 000 enseignants à l’EVF, un pas important mais encore insuffisant face aux besoins du terrain. Selon ses estimations, plus de 53 000 enseignants, du public comme du privé, restent à former à travers le pays. Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’organisation estime nécessaire un budget de 49 milliards de francs guinéens (GNF).
« La formation des enseignants est une étape cruciale pour toucher les élèves à travers l’école, mais aussi les familles à travers l’implication communautaire », a expliqué Mme Bayo Nènè Aye, présidente de l’AGBEF. « Informer les jeunes sur leur santé reproductive peut les aider à prendre soin de leur corps, à éviter les grossesses précoces et à poursuivre leur éducation. Trop de jeunes filles abandonnent l’école suite à des grossesses non planifiées ou sont victimes de mariages précoces », a-t-elle souligné.
Mme Bayo a également souligné l’importance de l’approche pédagogique et du choix des termes employés. En effet, l’intitulé « Éducation Complète à la Sexualité » (ECS) avait suscité des réticences dans certaines communautés guinéennes. Pour apaiser ces tensions culturelles et favoriser une meilleure acceptation du programme, l’AGBEF et ses partenaires ont opté pour une reformulation du concept en « Éducation à la Vie Familiale ».
« C’est un changement stratégique, car le terme ‘sexualité’ crée parfois des malentendus. L’EVF permet d’aborder ces sujets sensibles avec plus de délicatesse, tout en conservant l’essentiel du contenu éducatif : les droits reproductifs, la prévention des IST, le respect de soi et des autres », a-t-elle précisé.
À l’issue de la table ronde, la présidente de l’AGBEF s’est dite satisfaite de l’engagement manifesté par le représentant du ministère en charge de l’enseignement pré-universitaire. Celui-ci a réaffirmé le soutien de l’État, tant sur le plan technique que financier, pour accompagner l’intégration de l’Éducation à la Vie Familiale dans le système éducatif.
« Nous avons obtenu la confirmation qu’à partir de 2026, l’Éducation à la Vie Familiale sera officiellement intégrée dans le curriculum national. C’est une avancée majeure pour l’avenir des jeunes en Guinée », a conclu Mme Bayo.
Cette initiative marque un tournant important dans la lutte contre les violences faites aux jeunes filles, l’abandon scolaire lié aux grossesses précoces, et dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive à l’échelle nationale. L’AGBEF appelle désormais à une mobilisation accrue des partenaires pour garantir le financement et le déploiement effectif de ce programme sur tout le territoire guinéen.
Aminata Camara