Après plusieurs semaines de travail sans rémunération, les membres des Commissions Administratives de Recensement (CAR) à Kankan ont décidé de suspendre leurs activités. Cette décision, prise ce vendredi 30 mai 2025, intervient comme un coup dur pour le processus de recensement en cours dans la région.
Réunis à la maison des jeunes, les agents ont lu une déclaration dénonçant leurs conditions de travail : absence de prise en charge, promesses de paiement non tenues, et nécessité d’acheter eux-mêmes le matériel de base. Fatigués d’attendre, ils disent stop.
« Depuis le début du recensement, aucun agent du CAR n’a été payé. Même les stylos que nous utilisons, nous les achetons nous-mêmes. On nous avait promis 1.500.000 francs guinéens par mois pour 45 jours de travail, mais jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu. Nous avons saisi la commune, la préfecture, et le gouvernorat, sans succès », a déploré Ousmane Diakité, porte-parole.
La situation s’est tendue davantage ces derniers jours. Alors qu’une première menace de grève avait été évitée début mai grâce à une rencontre au bloc administratif de la préfecture, les agents estiment aujourd’hui ne plus pouvoir continuer. « Nous demandons au président de la transition de s’impliquer personnellement. Si rien n’est fait, nous ne reprendrons pas le travail. Il faut d’abord nous payer les 45 jours prévus, ainsi que les 20 jours supplémentaires ajoutés », a insisté Diakité.
Les conséquences sont déjà visibles : plusieurs centres de recensement sont restés fermés ce vendredi. Le processus a été suspendu au moins jusqu’à 13 heures, heure à laquelle notre équipe a quitté le terrain.
« C’est aujourd’hui le 45e jour. Nous avions retardé notre mouvement par loyauté, parce que Kankan est la ville du Président. Mais cela ne peut plus continuer ainsi », ont-ils conclu.
Après le scandale du recensement à Mandiana, cette crise à Kankan — dans la région natale du président de la transition — met une nouvelle fois en lumière les failles du Programme National de Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (PN-RAVEC). Un programme qui, au lieu d’unifier, semble pour l’instant semer frustration et colère.
Michel Yaradouno, depuis Kankan