Depuis un an, Ibrahima Diogo Barry, journaliste guinéen, a quitté son pays natal pour s’installer au Congo-Brazzaville. Comme lui, de nombreux compatriotes ont fui la Guinée à la suite de la fermeture de plusieurs médias et du manque de perspectives. Mais si l’exil devait offrir une bouffée d’oxygène, c’est désormais la peur qui ronge leur quotidien.
Contacté par notre rédaction, ce citoyens Guinéens explique : « J’ai exercé le journalisme pendant plus de huit ans. Mais avec la répression médiatique en Guinée, j’ai dû partir », confie Djogo Barry. Son choix du Congo s’est fondé sur la langue partagée et l’espoir de trouver un emploi correspondant à son profil. Faute de mieux, comme beaucoup d’autres, il évolue aujourd’hui dans le secteur informel.
Mais plus inquiétant encore que la précarité, c’est l’insécurité grandissante qui frappe la communauté guinéenne à Brazzaville. « En l’espace de dix jours, nous avons perdu deux jeunes compatriotes, tous âgés de moins de 30 ans ( l’un à Makabandilou et l’autre avait été tué le 09 toujours ici à Brazzaville) », alerte-t-il. Tracasseries policières, agressions physiques, menaces à peine voilées… la peur s’est installée dans les esprits. « Moi-même, j’ai été menacé à deux reprises par des jeunes autochtones », ajoute-t-il avec inquiétude.
S’il refuse de parler de ciblage ethnique, Ibrahima Diogo Barry reconnaît que les migrants ouest-africains (Maliens, Sénégalais, Guinéens) vivent une situation similaire. « Les actes de violence deviennent fréquents et aveugles. Les agresseurs sont parfois prêts à tuer pour un rien », a-t-il soutenu.
Ce climat d’insécurité paralyse les activités économiques des ressortissants guinéens. « Avec la peur au ventre, on ne peut pas espérer faire prospérer nos affaires. La psychose est totale », témoigne-t-il.
Face à cette situation alarmante, il lance un appel aux autorités guinéennes : « Du président de la République au consul, nous demandons des actions concrètes. Le consul est très actif, mais il faut un soutien plus fort pour garantir notre sécurité ».
Il adresse également un message aux autorités congolaises : « Nous saluons leur hospitalité, mais il est temps de prendre à bras-le-corps cette crise avant qu’elle ne dégénère davantage ».
N’Famoussa Siby