Depuis plus de trois mois, la Guinée traverse une grave crise de liquidité qui impacte profondément le quotidien des citoyens. Les banques, confrontées à des tensions de trésorerie, ont instauré des plafonds de retrait, limitant ainsi l’accès des populations à leur propre argent. Cette situation ne touche pas seulement les établissements bancaires : elle frappe de plein fouet le service Orange Money, devenu aujourd’hui une alternative cruciale pour les transactions financières de nombreux Guinéens. Résultat, de plus en plus de points de retrait affichent le même message : « Service momentanément indisponible ».
De lundi à ce mercredi 6 août, notre reporter a sillonné plusieurs quartiers de Conakry. Constat : la majorité des kiosques Orange Money étaient dans l’incapacité d’honorer les demandes de retrait.
« Y’a pas d’argent dans les banques, pourtant c’est elles qui nous ravitaillent », déplore un agent Orange Money, visiblement à bout.
Interrogé sur la possible arrivée des fonds commandés par la Banque centrale, il répond, moqueur : « Ma sœur, je pense que la situation va empirer. Fabriquer de l’argent, ça prend au moins six mois ».
Même désarroi chez les clients. Fatoumata, une jeune commerçante rencontrée à Madina, raconte sa mésaventure : « Je voulais juste retirer 100 000 GNF. J’ai fait le tour de sept kiosques, tous m’ont dit qu’il n’y avait pas d’argent. J’ai eu la chance de tomber sur un agent compréhensif qui a appelé un de ses collègues pour m’aider. Franchement, c’est compliqué ».
Avant d’ajouter, intriguée : « Ce que je trouve étrange, c’est qu’on nous dit qu’il y a possibilité de dépôt, mais pas de retrait. Ce n’est pas suspect, ça ? ».
Face à l’ampleur de la crise, la Banque centrale de la République de Guinée a annoncé une commande de plus de 3 000 milliards de francs guinéens pour tenter de soulager le système. Mais en attendant que cet argent circule, les Guinéens, eux, continuent de subir une situation de plus en plus insoutenable.
Malgré les assurances du gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), la population continue de faire face à une pénurie criante de liquidités. Annoncée comme imminente, l’arrivée de nouveaux billets, plus de 2 600 milliards de francs guinéens prévus entre août et octobre, tarde à soulager les Guinéens. Dans les banques comme aux kiosques de retrait, l’accès à l’argent liquide reste un véritable calvaire.
Aminata Camara