Depuis plusieurs jours, les autorités maliennes ont procédé à au moins une vingtaine d’arrestations de militaires soupçonnés de vouloir renverser la junte au pouvoir, selon des sources sécuritaires et politiques consultées par l’AFP, ce dimanche 10 août 2025. Mais derrière cette vague d’interpellations, une question s’impose : s’agit-il réellement d’un complot ou d’un nouvel épisode dans la stratégie du régime visant à éliminer toute opposition, y compris au sein de ses propres rangs ?
Le Mali, déjà plongé dans une crise sécuritaire majeure depuis 2012, voit désormais son armée confrontée à une menace interne. « Depuis trois jours, il y a des arrestations liées à une tentative de déstabilisation des institutions », a confirmé une source sécuritaire malienne à l’AFP.
Parmi les personnes arrêtées figure le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti, une figure respectée de l’armée. Il a été interpellé à son domicile, à Kati, sans que les motifs de sa détention ne lui soient communiqués.
Selon un membre du Conseil national de transition (CNT), organe législatif mis en place par la junte, ce sont en réalité près d’une cinquantaine de militaires qui auraient été arrêtés. Tous sont accusés de comploter pour renverser le pouvoir, alors que le pays traverse une période marquée par de sévères restrictions des libertés et par des violences jihadistes meurtrières sur l’ensemble du territoire, a-t-il confié à l’AFP.
En multipliant les arrestations dans ses propres rangs, la junte envoie un message clair : toute contestation, même interne, sera implacablement réprimée. Mais cette politique de la peur pourrait aussi fragiliser davantage l’armée et laisser le champ encore plus libre aux groupes armés qui déstabilisent le pays depuis plus d’une décennie.
Pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite par les autorités de Bamako, qui se refusent à fournir la moindre information sur cette vague d’arrestations d’officiers maliens.
N’Famoussa Siby