ledjely
Accueil » Montée des formations privées : business ou réponse à une demande ?
Actualités

Montée des formations privées : business ou réponse à une demande ?

En Guinée, les formations sur le développement personnel, l’entrepreneuriat ou encore les techniques de recherche d’emploi se multiplient à un rythme effréné. Des salles d’université aux maisons de jeunes, en passant par les cabinets privés, ces rendez-vous s’imposent désormais dans le quotidien des étudiants et jeunes diplômés. Mais derrière l’enthousiasme affiché par les organisateurs, des sociologues s’interrogent sur leur véritable impact.

Des quartiers de Conakry aux villes de l’intérieur, comme Kankan, ces initiatives sont souvent portées par des particuliers ou des structures dont les compétences ne sont pas toujours certifiées. Pourtant, pour leurs promoteurs, ces formations sont de véritables passerelles vers l’autonomie professionnelle.

À Kabada 2, la boutique Longrich de Véronique Kpoghomou accueille régulièrement des sessions gratuites sur le leadership, le business et le marketing de réseau. « Les orientations que j’initie aident les jeunes à trouver leur voie dans l’entrepreneuriat. Je forme gratuitement en développement personnel et marketing de réseau. Nous les encourageons à devenir indépendants et à travailler pour eux-mêmes. Ce que nous gagnons, ce sont surtout les retours positifs : des jeunes nous disent qu’ils s’en sortent grâce à nos conseils. Ceux qui veulent intégrer Longrich bénéficient d’un suivi régulier », explique-t-elle.

Interrogé, Lalya Baldé,  Coach au Cabinet Light Consulting,  estime que l’essor des formations privées s’explique par plusieurs facteurs :

  • L’inadéquation entre les formations classiques et les besoins réels du marché du travail actuel.
  • Une prise de conscience croissante des jeunes de l’importance du développement personnel, des soft skills (compétences douces) et des compétences pratiques.
  • L’accessibilité numérique qui permet de suivre des formations en ligne à moindre coût.
  • Enfin, l’envie de se démarquer, d’apprendre autrement et de devenir autonome motive beaucoup de jeunes à se tourner vers des ateliers et formations alternatifs.

Poursuivant, notre interlocuteur souligne que ces formations privées contribuent à réduire le chômage et promouvoir l’entrepreneuriat. « En tant que coach, je constate que ces formations permettent à beaucoup de jeunes de :   développer la confiance en soi;  lancer de petits projets;  acquérir des compétences pratiques directement monétisables. Elles ne remplacent pas les études classiques mais les complètent intelligemment.  C’est pourquoi j’encourage cette dynamique, à condition de privilégier la qualité et l’accompagnement durable », a-t-il conclu.

Pour certains bénéficiaires, l’expérience est déterminante. Étudiante en sociologie à l’université de Kankan, Cécile Boédouno affirme avoir lancé la vente de croquettes après une formation en entrepreneuriat. « J’ai appris à gérer un projet de A à Z, à comprendre les bases de la gestion d’entreprise et à développer ma confiance, ma créativité et mon autonomie. Aujourd’hui, cette activité génère des revenus et me prépare à affronter les défis avec une vision stratégique », témoigne-t-elle.

Mais tout le monde ne voit pas ces programmes d’un œil aussi enthousiaste. Observateur de longue date de ce phénomène, Sékou Kaïssa Cissé, acteur de la société civile à Kankan, y perçoit aussi une dimension commerciale. « Les formations privées répondent à un besoin réel, mais elles sont aussi devenues un business. Dans notre pays, le privé complète le public plus qu’il ne le concurrence. C’est un marché éducatif en mutation, où le savoir devient une ressource économique », a-t-il soutenu.

Si ces modules offrent des opportunités, leur multiplication pose la question de la régulation. Car dans un marché éducatif en pleine mutation, le savoir est en train de devenir, plus que jamais, une ressource économique.

Michel Yaradouno

Articles Similaires

Marché Madina : démantèlement d’un réseau de fabrication de faux cubes JUMBO

LEDJELY.COM

Mamou accueille un tournant historique : Lanala Assurance Vie lance trois produits de micro-assurance accessibles à tous

LEDJELY.COM

Choguel Maïga : une chute qui devrait servir de leçon

LEDJELY.COM

Lancement de la saison touristique 2025-2026 à N’Zérékoré : une vision au service de la promotion de nos régions

LEDJELY.COM

Kankan : Dans l’objectif d’un jeune photographe passionné

LEDJELY.COM

Rumeurs de délogement des Guinéens à Kampala : « Il y a eu changement d’hôtel » (témoignages)

LEDJELY.COM
Chargement....