C’est une sortie qui devrait intéresser en premier lieu le procureur de la République. Alors que ce dernier, ainsi que plusieurs ministres, ont toujours affirmé ne rien savoir ni des auteurs, ni du lieu de détention de Foniké Menguè et de Billo Bah, deux responsables du FNDC dont on est sans nouvelles depuis plus d’un an, Taliby Dabo a déclaré, ce dimanche, que ces derniers, tout comme d’autres disparus, se porteraient « très bien ». C’était à l’occasion d’une conférence qu’il animait à son domicile, situé dans la commune urbaine de Kankan.
Alors que de nombreux Guinéens s’inquiètent du sort de Oumar Sylla et Billo Bah, Taliby Dabo a salué l’enlèvement et détention prolongée de ces responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qu’il considère comme étant des « bras armé » du parti de Cellou Dalein Diallo. « C’est vous qui pensez qu’ils ont disparu, mais je crois que c’est pour des raisons de sécurité nationale. Ces hommes que vous pensez disparus mangent, s’habillent, dorment et suivent très bien l’actualité. Seulement, leur liberté de mouvement est restreinte. Et vous avez vu que depuis qu’ils sont gardés au secret, il y a le calme et aucun problème. Je suis d’accord que toutes ces personnes ne vivent plus comme nous en termes de libertés. Mais, pour des raisons de sécurité, il faut les garder au secret », a-t-il déclaré.
Interrogé sur l’identité de ceux qui détiennent ces citoyens, Taliby Dabo a répondu par une question : « Pour que quelqu’un soit gardé au secret en Guinée, il faut qui ? », a-t-il lancé, sourire aux lèvres.
Décidément, Taliby Dabo semble nourrir une vive hostilité à l’égard des responsables du FNDC. Un mouvement dont il dit qu’il n’était qu’une création politique au service de l’UFDG : « Pour ces gens du FNDC, c’est mon vœu qui est enfin exaucé. Ils pensaient représenter la Guinée, parlaient au nom du peuple alors qu’ils n’avaient aucun mandat. Un petit groupe réuni soi-disant FNDC, mais en réalité créé par Cellou Dalein Diallo. Le FNDC était le bras armé de l’UFDG. Chaque fois que le FNDC organisait, c’est l’UFDG qui demandait à ses militants de sortir. Sinon, ce groupe ne valait rien. Mais le président Alpha Condé a été trop tolérant. Je ne leur souhaite pas la mort, mais si leur détention permet de préserver la paix et la quiétude, je suis d’accord », a conclu Taliby Dabo.
Cette sortie devrait paradoxalement embarrasser les autorités actuelles que Taliby Dabo pense pourtant servir en tenant ces propos.
Michel Yaradouno, depuis Kankan