Depuis plus de trois ans, les 147 km de la route Sangarédi-Télimélé incarnent l’échec d’un projet pourtant présenté comme une bouffée d’oxygène pour les populations locales. Annoncée en grande pompe et censée être livrée en 11 mois, cette infrastructure stratégique est aujourd’hui réduite à un chantier fantôme. Les entreprises chargées des travaux ont déserté, laissant derrière elles poussière, boue et désillusion. Constat dressé par notre correspondant local lors d’une immersion ce week-end.
Les habitants parlent d’un rêve brisé. « C’était un rêve, un espoir pour nous. Mais aujourd’hui, tout est resté en plan », déplore Ibrahima Diallo, habitant de Sangarédi. Selon plusieurs témoignages, les entreprises sélectionnées auraient bénéficié des fonds sans jamais honorer leurs engagements. Leurs équipes ont disparu du terrain, et les autorités, elles, gardent un silence jugé complice.
La colère des usagers monte. Tous pointent du doigt la responsabilité des sous-traitants accusés d’avoir saboté un projet vital par « incompétence et manque de sérieux ». Les fonds ont été débloqués, des contrats signés, mais la route reste impraticable. Plus grave encore, aucune sanction n’a été annoncée par les autorités locales ou nationales.
« Ce projet a été sacrifié pour des intérêts privés. Les sous-traitants se sont servis, et les autorités ont fermé les yeux. Les populations sont les seules à payer le prix fort », fulmine Mamadou Sylla, usager régulier de cette route. Pour les habitants, la route Sangarédi-Télimélé est devenue synonyme d’accidents, d’isolement et de frustrations.
Au-delà de l’aspect pratique, cette route représentait un levier de développement. Elle devait fluidifier les échanges, stimuler l’économie et rapprocher les communautés. Désormais, elle est perçue comme un symbole d’échec et d’impunité. « On parle de développement, mais ce projet démontre à quel point le système est défaillant. Les contrats sont attribués sans contrôle, et les responsables s’en tirent sans aucune conséquence », fustige Aissatou Sira Barry, une usagère exaspérée.
Face à ce fiasco, la société civile, les jeunes leaders et les activistes multiplient les appels à l’action. « Le gouvernement doit se réveiller. Nous voulons comprendre ce qui ne va pas et pourquoi ce projet a été laissé en suspens. Nous avons besoin d’action », insiste Aissatou.
À Sangarédi, le sujet est devenu le centre des conversations. Les habitants, de plus en plus déterminés, exigent des comptes et la relance immédiate des travaux. Dans l’attente, la route reste un symbole amer : celui d’un développement promis mais jamais livré.
Mamadou Bah, depuis Boké