Vingt-cinq ans après la rébellion meurtrière qui avait réduit Gueckédou en cendres, la ville tente encore de panser ses blessures. Les souvenirs de cette tragédie demeurent vivaces dans les esprits, mais une génération déterminée veut désormais transformer la douleur en mémoire collective. À l’approche du 25ᵉ anniversaire de la victoire du peuple de Gueckédou sur les rebelles, prévu le 6 décembre prochain, les habitants se préparent à commémorer cet épisode qui a marqué à jamais l’histoire de la région.
Ce samedi 25 octobre, lors d’une rencontre initiée par des jeunes, plusieurs témoignages poignants sont venus raviver les souvenirs douloureux de cette période sombre.
Parmi eux, celui d’Idrissa Traoré, qui a partagé un pan bouleversant de sa propre histoire.
« Moi qui suis devant vous aujourd’hui, je suis victime de la guerre de Gueckédou en 2000. Treize membres de ma famille, dont mon père, ma mère et mon homonyme, avaient été déportés et ont passé huit mois de captivité dans les mains des rebelles en Sierra Léone. Mais le plus marrant dans tout ça, une de mes cousines qui faisait partie des captifs s’est faite engrosser par un chef rebelle. Où je vous parle là, elle est là avec sa fille à Gueckédou ici. Imaginez la douleur de ça. Et même ici en Guinée, dans certaines villes où on s’était déplacé, on nous qualifiait de réfugiés. Donc commémorer la victoire de la population de Gueckédou sur les rebelles est une très bonne chose pour nous les victimes, parce qu’aujourd’hui, on vit en harmonie avec nos parents », a-t-il affirmé.
Pour ces jeunes, cette commémoration n’est pas qu’un simple souvenir : elle symbolise la résilience et l’unité d’un peuple face à l’adversité.
Le président de la structure, Sâa David Tolno, a expliqué le sens profond de cette initiative.
« En 2000, la ville de Gueckédou a connu une attaque rebelle sans précédent. Une attaque qui a menacé la paix et l’intégrité territoriale de notre pays. Face à cette situation dramatique, les populations de Gueckédou, dans un élan patriotique, se sont unies et se sont opposées farouchement à cette attaque, avec bien entendu les forces de défense et de sécurité qui étaient au premier rang jusqu’à la victoire finale. Cette année 2025 marque le 25ᵉ anniversaire de cet événement historique, et nous avons initié cette commémoration pour raviver la mémoire collective, honorer les sacrifices consentis et renforcer l’unité nationale autour des valeurs de résilience et de cohésion », a-t-il souligné.
Malgré sa reconstruction progressive, Gueckédou porte encore les stigmates de la guerre. Jadis pôle d’attraction de la région forestière, la ville reste aujourd’hui l’ombre d’elle-même, mais l’espoir renaît peu à peu grâce à l’engagement de sa jeunesse.
Niouma Thèdan Kamadou Kamano pour ledjely.com


