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Bénin : comment stopper l’hydre terroriste ?

Les autorités béninoises ont fini par le reconnaître. La double attaque que des combattants islamistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) ont conjointement menée la semaine dernière contre deux positions de soldats béninois de l’opération Mirador, dans la zone dite du W, n’a pas fait que 8 victimes, comme cela avait été initialement annoncé. Selon le bilan actualisé rendu public hier, les deux attaques menées par des dizaines de combattants venus sur des motos, ont fait au moins 54 morts parmi les militaires. Voilà qui doit inquiéter quant à la détermination des groupes terroristes à pousser la menace vers les pays côtiers. La prévention et la riposte étant rendues particulièrement difficiles par les tensions entre pays de la CEDEAO et ceux de l’AES. Tensions qui laissent peu de chance à une coopération sécuritaire, sans laquelle toute la région ouest-africaine pourrait être engloutie par la spirale djihadiste.

Burkina Faso et Niger, défaillants ?

A en croire le porte-parole du gouvernement béninois, les attaques terroristes du 17 avril dernier contre les positions des militaires situées dans la zone des chutes d’eau de Koudou et du triple point, dans le nord du pays, sont aussi la conséquence de la défaillance dont se rendraient coupables les voisins que sont le Burkina Faso et le Niger. Une mise en cause que les autorités de ces pays pourraient ne pas apprécier. D’autant qu’avec le Bénin, les relations ne sont pas les meilleures depuis un certain temps. N’empêche qu’il est de notoriété publique que le Burkina Faso et le Niger sont plutôt à la peine dans leur lutte contre le péril sécuritaire. Ce n’est donc peut-être pas qu’une question de refus. En tout cas, dans le cas du Burkina Faso, on sait que des pans entiers du territoire national échappent tout simplement au contrôle des autorités de transition. Même s’il faut bien admettre que la crise politique entre CEDEAO et AES ne facilite guère une synergie qui se révélerait pourtant bien utile pour tout le monde.

Objectif pays côtiers ?

Et justement, pour le bien de tous, il faudra qu’au-delà des querelles et des divergences, les parties trouvent le moyen de travailler ensemble pour pouvoir faire face à certains défis. Dans l’absolu, personne ne demande que les pays de l’AES reviennent dans l’espace CEDEAO. Mais si les contacts sont totalement rompus et que des espaces d’échanges et de collaboration ne sont pas instaurés, les criminels et autres bandits qui écument la région ne pourront qu’en profiter. On sait en particulier que les terroristes rêvent d’étendre leur zone d’influence vers les pays côtiers. Ce qui serait d’autant plus dommageable qu’ils pourraient très vite se rendre maîtres absolus du Golfe de Guinée. Il en découlerait notamment des menaces contre les navires de ravitaillement de la région. Il pourrait en résulter également des attaques contre des intérêts économiques locaux et étrangers et même une perturbation des activités économiques prometteuses dans ces pays situés le long de l’Océan atlantique. D’où la nécessité de ne pas banaliser ces incursions récurrentes contre le Bénin et le Togo en particulier.

La CEDEAO en première ligne

En la matière, la CEDEAO est singulièrement interpellée. Alors qu’elle célèbre justement ces jours-ci le cinquantenaire de sa création, elle doit poser le bon diagnostic et en tirer des résolutions pertinentes. En particulier, elle devra se rappeler que sa brouille avec les Etats de l’AES trouve en grande partie ses racines dans l’absence de réponse adéquate à l’insécurité à laquelle ces pays font encore face. En conséquence, l’histoire ne doit guère se répéter. Le défi sécuritaire, l’organisation doit en faire sa priorité. Elle devra faire montre de compassion à l’égard des pays visés et aider à mobiliser les ressources, y compris humaines pour vaincre le mal. Et surtout, dans cette riposte à opérer, la CEDEAO doit être en première ligne. C’est ce qu’on attend d’elle. Une question aussi cruciale que celle de la défense et de la sécurité d’un pays de la CEDEAO ne doit plus être confiée ni à la France, ni à la Russie, ni à aucune autre puissance du genre. Après tout, une organisation sous-régionale digne de nom doit à minima pouvoir garantir la paix et la sécurité aux populations qui évoluent sur son espace.

Boubacar Sanso Barry

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