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La révocation massive de permis miniers plonge des milliers de familles dans l’incertitude

Le secteur minier guinéen traverse actuellement une période de forte turbulence à la suite de la révocation de plus de 300 permis miniers depuis mai 2025. Cette opération « d’assainissement » vise à renforcer la transparence dans le secteur et reflète, selon les déclarations officielles, l’agenda du gouvernement en matière de souveraineté minière.

Certains investisseurs, tels qu’Axis Minerals, ont déjà engagé des procédures d’arbitrage pour contester les décisions du gouvernement. Le mois dernier, l’entreprise a annoncé réclamer des dommages de plus d’un milliard de dollars à l’état guinéen suite à la révocation de son permis.

D’autres, dont Guinea Alumina Corporation (GAC) et Falcon Energy Materials, devraient suivre la même voie. Alors que les batailles juridiques s’annoncent devant les tribunaux internationaux, les répercussions immédiates se font sentir dans les villes minières du pays.

Parmi des milliers de familles, l’inquiétude grandit quant à l’avenir des travailleurs touchés par cette purge. Les 5 000 employés directs et sous-traitants du projet d’Axis dans la région de Boffa ont été licenciés ou ne perçoivent plus qu’une fraction de leur salaire après avoir été placés en chômage technique. Selon un père de six enfants dont les revenus ont disparu depuis la suspension du projet Axis il y a plus de quatre mois : « Je ne peux plus subvenir aux besoins de ma famille. Le gouvernement a promis d’aider les travailleurs, mais nous n’avons reçu aucune assistance. Nous nous sentons abandonnés. »

Fin mai, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, et le secrétaire général de la Présidence, Amara Camara, ont tenté de rassurer l’opinion publique, déclarant : « Nous sommes conscients que ces retraits entraînent des pertes d’emplois et affectent des familles. Il y a des bouches à nourrir. Des mesures sont en train d’être envisagées pour réorienter ces emplois. Nous ne pouvons pas, pour le moment, en dévoiler les contours, mais soyez rassurés : le gouvernement ne restera pas indifférent face à cette situation. »

Malgré ces promesses et l’urgence de la situation, aucune mesure d’accompagnement n’a été introduite ni annoncée. En août, le directeur exécutif de l’ONG Action Mines, Amadou Bah, a averti que plus de 10 000 emplois étaient touchés dans l’ensemble du secteur minier, mettant en garde : « Si l’État ne prend pas en compte ce problème, c’est à la paupérisation des localités qu’on va assister. » En appliquant un multiplicateur conservateur de six personnes dépendant de chaque emploi dans le secteur, l’impact s’étend à environ 60 000 personnes — et la réalité est probablement bien plus élevée.

L’avenir des 3 200 anciens employés et sous-traitants de GAC demeure également très incertain. Bien que le gouvernement ait promis de donner la priorité à la préservation de l’emploi et que Nimba Mining Company devrait réembaucher les anciens salariés de GAC, aucune annonce n’a été faite en ce sens.

Pour l’instant, l’écart entre les assurances du gouvernement et la réalité sur le terrain ne cesse de s’élargir. En poursuivant son agenda de souveraineté à travers des annulations massives de permis sans filet de sécurité pour les travailleurs déplacés, les autorités risquent d’éroder la confiance du public et d’alimenter le mécontentement social dans les régions minières.

Faute de plans concrets pour amortir le choc sur les communautés, la promesse de réforme risque d’être retenue davantage pour les moyens de subsistance qu’elle a détruits que pour ses principes. Au-delà de l’impact social, la réputation de la Guinée comme destination pour les investissements miniers risque d’être encore plus ternie.

Charles Agbo

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