Ce 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, rappelle l’urgence de lutter contre les violences basées sur le genre. Une date symbolique pour rendre hommage aux victimes et inciter les États, organisations et communautés à agir afin de protéger les femmes et les filles. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre d’une femme qui a récemment renoncé à l’excision, dans la commune rurale de Sabadou-Baranama, à Kankan.
Dans cette localité, Sogbè Kourouma, âgée d’une cinquantaine d’années, est devenue un symbole de changement. Longtemps exciseuse, elle a finalement décidé de tourner le dos à cette pratique à la suite de nombreux échanges avec l’Inspection régionale de l’Action sociale de Kankan et l’ONG ASD. Un tournant majeur dans sa vie et pour sa communauté. Elle témoigne.
« C’est un héritage dans notre famille. Ma mère l’a longtemps pratiquée et, à son décès en 1984, je suis revenue de la Côte d’Ivoire pour continuer à perpétuer la pratique familiale. Je pouvais exciser plus de 60 filles par jour, et cela pendant de longues années », a-t-elle déclaré.
Poursuivant, Sogbè Kourouma dit avoir pris conscience de la gravité de la pratique et avoir décidé de l’abandonner.
« Mais après moult réflexions et conseils des uns et des autres, j’ai décidé d’abandonner c’est dangereux. Sinon, c’est grâce à ce travail que je nourrissais ma famille et je suis aujourd’hui prête à servir de pont pour sensibiliser tout le monde afin de mettre un terme à la pratique dans la communauté. Je suis aussi prête à dénoncer toute personne qui sera impliquée dans l’excision même dans la discrétion », a-t-elle souligné.
Dans la communauté, sa décision n’a surpris personne. Ces derniers mois, plusieurs villages de la sous-préfecture de Sabadou-Baranama ont publiquement déclaré l’abandon des mutilations génitales féminines, signe d’un mouvement collectif et d’une prise de conscience croissante.
Michel Yaradouno


