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[TRIBUNE]: 1er mars, une date de tous les enjeux

Depuis que le Président Alpha Condé a pris l’initiative de doter la Guinée d’une nouvelle constitution, les citoyens d’un même pays s’affrontent et se haïssent. Un projet qui se heurte à la farouche résistance d’une partie importante de la population réunie au sein du front national pour la défense de la constitution. Mais un projet que d’aucuns ont choisi d’accompagner pour diverses raisons.

Si ces derniers s’entêtent à offrir à la Guinée une nouvelle constitution avec toutes les implications que cela sous-entend pour le Président actuel, les premiers, quant à eux, sont déterminés à défendre l’esprit de la loi fondamentale du 07 mai 2010. Dans ce débat, les positions sont à la fois tranchées et rigides à mesure que l’on approche de la date fatidique du 1er mars 2020. Le ton se durcit et les tentions montent d’un cran chaque jour. Les inquiétudes aussi, notamment chez le pauvre citoyen lambda.

Après les avoir reportées à deux reprises, le Président Alpha Condé programme cette fois ce scrutin, couplé avec celui du référendum constitutionnel. Ce qui en dit suffisamment sur la détermination qui est celle du chef de l’Etat. Quoique la tenue effective de ces deux scrutins relève d’un défi pour le camp du pouvoir. En face, pour les opposants à la nouvelle constitution, dans la configuration actuelle, le choix de coupler ces deux élections est assimilé à la provocation de trop. Il s’en suit que la date 1er mars 2020 arrive très risquée et ses lendemains, incertains à la fois pour la stabilité du pays, mais surtout pour la survie et l’honneur des protagonistes en conflit.

Les défis associés à cette date du 1er mars sont d’autant plus importants qu’en dépit des gigantesques manifestations du FNDC et les morts qui les auront émaillées d’octobre à décembre 2019, Alpha CONDE ne s’est pas empêché au même moment de rendre public son projet de nouvelle constitution. Depuis, le FNDC est passé à la résistance active et permanente avec la particularité des violences enregistrées à Labé, Lélouma, Dalaba, Pita. Nouvelle stratégie à laquelle le pouvoir a opposé une répression encore plus féroce, y compris avec la réquisition expresse de l’armée. Pendant qu’il continuait à dérouler tranquillement son agenda. Ainsi, dans plusieurs endroits du pays, se déroulent la campagne électorale ainsi que l’opération de distribution des cartes d’électeurs. Une défiance à la fois à l’opposition politique et au FNDC qui menacent pourtant d’empêcher la tenue du double scrutin.

Certes, les choses ne passent bien partout. Mais Alpha Condé et ses partisans n’ont visiblement pas face à eux des adversaires qui les poussent à renoncer à leur projet. La mouvance présidentielle fonce droit au but et privilégie la fermeté avec l’appui des médias d’Etat (RTG), des forces de l’ordre et l’armée.

Le régime de Conakry reste sourd à tous les communiqués et autres résolutions rendus publics par différentes instances de la communauté internationale. Forts d’un soutien sans faille dont il semblent disposer de la part de nouveaux amis que sont la Russie et la Turquie notamment, les partisans du chef de l’Etat se braquent et usent du discours souverainistes face à ceux des étrangers qui essaient de les raisonner. En sorte que ni les violences, ni les condamnations, encore moins les plaidoyers des religieux  n’auront réussi jusque-là à faire fléchir Alpha CONDE. Mais en face, en dépit de toutes les représailles et la répression meurtrière, les kidnappings, et les séquestrations dont sont victimes ses membres, le FNDC tient debout et est loin d’abdiquer. Bref, les camps se font face et l’affrontement semble être inévitable.

Dans cette optique, la tenue des élections du mars 1er mars, sans être l’ultime victoire, s’annonce à tout le moins comme la bataille dont l’issue pèsera de tout son poids sur la suite des événements. Si le FNDC par ses actions réussissait à affecter considérablement la sérénité du double scrutin le 1er mars au point d’en impacter la crédibilité, le camp présidentiel perdrait l’assurance avec laquelle il envisage aujourd’hui l’issue de la bataille. Mais si tel n’était pas le cas, le camp présidentiel aura pris un ascendant phycologique certain. Dans ce cas, la peur et les embrouilles seront dans les rangs du FNDC.

En tout état de cause, la partie qui réussira à se démarquer au soir de cette date, aura marqué des points importants. Tout se jouera dans le rapport de force entre les pro et anti 3ème mandat. C’est pourquoi la date du 1er mars 2020 est un autre rendez-vous test, car dans ce bras de fer personne ne veut lâcher du lest. Toutefois, si l’on peut se demander qui triomphera de cette bataille, la victime elle, est déjà connue, la Guinée, défigurée et déchirée.

Que triomphe la vérité !

IbOu Diallo

Jeune MoDeL, Citoyen

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