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DIALOGUE POLITIQUE : que reprochait-on alors à Mohamed Béavogui ?

Quasiment un mois jour pour jour après le renvoi de Mohamed Béavogui et la confirmation de Dr. Bernard Goumou au palais de la Colombe, le président de la Transition se résout à publier le décret de création du « cadre de dialogue inclusif ». Une nouvelle instance de dialogue placée sous l’autorité du nouveau chef du gouvernement. Or, c’est exactement ce que l’ancien entendait par un « véritable dialogue » qu’il se promettait d’impulser à l’issue de l’immersion gouvernementale. C’est donc ce qu’on lui avait refusé et au nom duquel il a été renvoyé que l’on consent à son successeur. Plutôt incompréhensible.

Un PM en avance ?

L’ancien locataire du palais de la Colombe aurait-il eu tort d’avoir trop tôt raison ? En tout cas, on semble s’acheminer vers la mise en œuvre du schéma qu’il avait envisagé en matière de dialogue politique. En effet, de retour de l’immersion gouvernementale d’une semaine à travers les quatre régions de l’arrière-pays, il avait manifesté son désir de reprendre l’initiative du dialogue. En conférence de presse, le 20 juin précisément, Mohamed Béavogui notait tout d’abord que « il n’est jamais trop tard pour se retrouver, et aucun sacrifice n’est de trop dans la construction de notre chère Nation ». Puis, dans la foulée, annonçait-il : « Une invitation sera adressée (…) à tous les acteurs politiques et sociaux pour une rencontre que je présiderai, dans les prochains jours, pour définir ensemble des modalités d’un véritable dialogue sans tabou, franc et inclusif ». C’est cette expression « véritable dialogue » qui a particulièrement été mal accueillie dans l’entourage du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé. Ce dernier voyant dans la sortie du premier ministre son propre désaveu, dans la mesure où c’est à lui que l’initiative du dialogue avait jusqu’ici été confiée. Et c’est cette défiance alimentée par d’autres membres du gouvernement qui aura fini par emporter Mohamed Béavogui.

Trois mois perdus pour rien

Mais un coup d’œil dans le rétroviseur nous révèle que l’on a inutilement perdu trois mois pour rien. Et que probablement, on est parti pour appliquer la recette que préconisait l’ancien premier ministre. D’abord, dans l’intitulé de l’instance qui vient d’être créée, il est bien question de « cadre de dialogue inclusif » et non de « cadre de concertation inclusif ». La nuance est tenue, mais il ne faut pas s’y fier. Cette nuance-là confrère en partie au dialogue son caractère « véritable » dont parlait Mohamed Béavogui. Ensuite, ledit cadre est placé sous l’autorité du premier ministre et non du ministre de l’Administration du territoire. Par ailleurs, le CNRD se veut plus humble cette fois. A la différence du précédent cadre dont la junte avait défini la composition, là elle se met relativement en retrait. Le décret de création du « cadre de dialogue inclusif » publié ce lundi 19 septembre dit en effet que les critères de choix et le nombre de délégués seront déterminés à l’issue d’une concertation entre les parties prenantes et les facilitateurs nationaux (et que) la composition, l’organisation et le fonctionnement dudit cadre seront définis par un arrêté du premier ministre.

Selon nos informations, un projet de décret identique avait été préparé par l’équipe de Mohamed Béavogui. Mais à l’époque, le palais Mohamed V ne voulait pas en entendre parler. Qu’est-ce qui a donc changé entre temps ? Vraisemblablement, l’imminence du sommet extraordinaire de la CEDEAO à New York est passée par là. D’autant que l’on nous rapporte également que la France qui a jusqu’ici joué au parrain protecteur pour la junte, commence elle aussi perdre patience.

Ainsi donc, rien ne change véritablement. D’Alpha Condé à Mamadi Doumbouya, seul le rapport de force compte. Et c’est bien dommage !

Boubacar Sanso Barry

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