A la barre depuis ce mardi 7 février, l’accusé Paul Mansa Guilavogui continue ce mercredi à répondre aux question devant le tribunal criminel devant lequel se tient le procès sur les massacres du stade du 28 septembre. Poursuivi pour enlèvement, coups et blessures volontaires, tortures, séquestration et injures, il a dès les premiers mots de son interrogatoire, admis les pratiques de torture qui avaient lieu dans l’enceinte du camp Koundara, situé dans le quartier Boulbinet. Et il en impute la responsabilité à Beugré, l’ex-commandant de ce camp, exécuté au lendemain de la tentative d’assassinat contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Cette torture se serait particulièrement intensifiée après les événements du stade du 28 septembre. Au point qu’il prétend en avoir été lui-même victime. Mais ce mercredi, au nombre de ceux qui l’ont soumis à des sévices, il indexe les recrues de Kaleya.
De fait, un des avocats des parties civiles a demandé à l’accusé de nommer ceux qui l’avaient torturé et de donner la nature des sévices qu’on lui avait infligé. Il répond qu’il ne pourrait pas supporter de relater par le menu ce qu’il a subi. Par contre, à l’en croire, ce sont des recrues de Kaleya qui l’ont torturé. « Je sais qu’à même que ce sont les recrues de Kaleya qui m’ont torturé », déclare-t-il, ferme. Et il s’en explique : « Je dis que ce sont les enfants de Kaleya, parce que tout le monde, à l’intérieur du camp de Koundara connaissait Paul Mansa Guilavogui. Or, de ceux qui sont venus à bord des trois pick-up pour me chercher, je n’ai reconnu qu’une seule personne : le nommé Terre-à-terre ».
Vu que certaines de ses déclarations tendent à accréditer la version que soutient le commandant Toumba Diakité, ancien aide-de camp de Dadis, on lui demande s’il ne cherche pas à défendre ce dernier. « Pourquoi le défendre ? Là où nous sommes ça, chacun essaie de sauver sa tête », répond-il.
A la pause de la mi-journée, Me Emmanuel Bamba, avocat notamment de Moussa Tiégboro Camara, a sollicité du tribunal que le procès soit renvoyé au lundi prochain. Au motif que les avocats doivent prendre part à un atelier qui se tient à Coyah, à une cinquantaine de km de Conakry. Une requête à laquelle le président du tribunal n’a eu aucune peine à accéder, après avoir consulté les autres parties.
Aminata Camara