Aucun agrément ne sera délivré à une ONG ou à un mouvement associatif pour les quatre prochains mois. Telle est la substance de la décision rendue publique hier par le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Ibrahima Kalil Condé. Une décision que les acteurs sociaux apprécient diversement à Kankan, la capitale de la savane.
Est-ce une coïncidence si cette décision intervient à la veille de la manifestation programmée par les Forces vives de Guinée ? Difficile à dire. Par contre, elle coupe l’herbe sous les pieds de certains. « La décision est venue à l’improviste. En tant que société civile, beaucoup d’ONG étaient en passe de renouveler les agréments et les nouvelles ONG ont obtenu les documents provisoires par le département à travers les préfectures et gouvernorats, que faire maintenant », s’interroge le vice-président du Conseil régional des organisations de la société civile de Guinée ? Néanmoins, pense-t-il, si la décision a été prise pour déjouer les plans de de tous ceux qui, profitant de la période d’intenses activités politiques qui se profile, ce serait compréhensible. Mais en définitive, « l’Etat doit revoir pour les ONG légalement constituées depuis 15 ou 20 ans et faciliter le processus de délivrance des agréments surtout que chez nous, l’Etat emploie peu par rapport aux structures privées », suggère-t-il.
« Irrégulière et inopportune », ainsi le coordinateur régional de la Maison des associations et des ONG (MAOG) qualifie la décision du ministre. « L’Etat a délibérément violé la conception sociologique et juridique portant le régime des Associations et ONG en République de Guinée qui garantit l’intervention des organisations non gouvernementale en faveur du développement socio-économique, culturel et autres de l’Etat », proteste-t-il. Avant d’exiger du ministre qu’il revienne sur sa « décision pour protéger les intérêts fondamentaux des Organisations sociales à but non lucratif ».
Toutefois, reconnait Sékouba Traoré : « il convient de souligner l’irresponsabilité et les prises de positions aveugles de certaines OSC qui continuent de molester et d’affaiblir nos institutions républicaines en s’insurgeant contre certains dignitaires de l’Etat ».
En guise de recommandation, il appelle donc à la « responsabilité civile et civique des autorités et à l’ensemble des acteurs de la chaîne sociale à l’effet de cultiver une paix publique et un processus d’un développement continu dans le pays »
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com