Après deux longues années d’attente, plus de 2000 artistes guinéens vont enfin toucher leurs droits d’auteur. La cérémonie de répartition s’est tenue ce mardi dans les locaux du Bureau guinéen du droit d’Auteur. Si certains artistes affichent un air de soulagement ou de reconnaissance, d’autres n’ont pas manqué d’exprimer ouvertement leurs frustrations vis-à-vis des montants perçus, en depit de leurs expériences dans le monde musical.
Au sein de l’opinion artistique, les avis sont mitigés ! Artiste de profession, Mohamed Ousmane Aliou dit «Gaspari », dénonce les conditions de précarité auxquelles sont confrontés les créateurs en Guinée, tout en soulignant les difficultés liées aux retards de paiement des droits d’auteur. « Ça a été un calvaire, on a vraiment traversé un calvaire », insiste-t-il. « Heureusement, j’ai quelque part où trouver de l’argent. Sinon, réellement, je déplore le cas de mes petits frères. Vous imaginez, depuis décembre 2022, nous avons perçu notre dernier salaire. Deux ans après, c’est maintenant qu’on nous paye. Alors que dans les autres pays, les gens sont payés trimestriellement », a-t-il déploré.
À travers ce témoignage, cet artiste met en lumière la situation critique du secteur culturel en Guinée, où les créateurs peinent à vivre de leur art en raison, notamment, des retards de paiement. Une approche contredite par son confrère Papayito Sembèdèkè. « On est très contents ce matin parce que si ça fait longtemps qu’on n’a pas pris nos droits, pendant deux ans et aujourd’hui on nous appelle pour dire, venez prendre vos droits, je pense que c’est une très bonne chose », s’est-il réjouit.
Dans la foule, d’autres créateurs se plaignaient à leur tour du montant « médiocre » qui leur ont été attribués après ces deux années sans paiement de droits d’auteur, selon Papayito, ceux-ci ne peuvent pas exiger une part plus importante malgré une absence prolongée de production artistique . « D’autres sont frustrés par le montant personnel, c’est-à-dire, tu ne peux pas faire sortir ton album depuis 1900, l’an 2000, si tu restes longtemps sans produire, ce que tu avais produit, c’est ce que tu auras. Mais tu ne peux pas rester durant 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, après tu vas venir dire maintenant, mon droit est petit, j’ai reçu 600.000, on ne m’a donné que ça », a-t-il justifié.
À préciser que, sous l’initiative du ministère de la Culture, la redevance de l’État connaît un rehaussement allant désormais de 5 000 à 6 milliards de francs guinéens. Pour ce paiement, Haikou Diallo précise que c’est une première tranche qui sera répartie entre les artistes.
JRI de l’Ombre