En 2024, la Guinée a connu une situation sociopolitique marquée par la disparition de deux militants de la société civile, l’instauration des délégations spéciales et un manque évident de dialogue politique qui a intensifié la crise. Des personnalités politiques comme le Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou ont souligné l’importance du respect des engagements et la nécessité d’un dialogue sérieux avec les acteurs politiques majeurs pour surmonter la crise.
Selon le président de l’Union démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), d’un point de vue global, la gestion de la transition guinéenne en 2024 est catastrophique. « Il faut dire que depuis le départ, la gestion de la transition a été catastrophique. Il ne faut même pas tourner autour du mot. Ça n’a pas été ce qu’on cherchait, parce qu’on est venu pour corriger, mais on n’a pas corrigé. Plutôt, il y a certains aspects qui ont été plus ou moins empilés. Donc la gestion, de façon globale, elle est catastrophique », dit-il.
En ce qui concerne le dialogue politique en 2024, Dr Edouard Zoutomou déclare qu’il n’y a pas eu de véritable dialogue politique, mais plutôt un simulacre de dialogue. « Nous, au niveau de l’opposition, nous avons dit que si on doit dialoguer, il faut que ce soit un dialogue franc, un dialogue sincère. On ne peut pas faire semblant de dialoguer alors qu’on a déjà arrêté pratiquement ce qu’on veut faire. En 2024, d’ailleurs, il n’y a même pas eu d’effort », indique-t-il.
Le responsable politique exprime sa déception à l’égard du Premier ministre Amadou Oury, dont l’arrivée à la Primature avait suscité de grands espoirs.
« Nous avions pensé qu’avec l’avènement d’un nouveau premier ministre issu de la classe politique, ce serait un atout pour pouvoir mettre ensemble les partis afin de redéfinir les priorités de la transition de manière à ce qu’on puisse s’entendre le reste du temps. Mais rien n’est arrivé à ce point-là », soutient-il.
Cet avis est en partie partagé par le président de l’Union citoyenne pour l’émergence de la Guinée (UCEG) qui affirme que le dialogue politique en Guinée en 2024 est un moment « crucial », marqué par une « quête de réconciliation » et « d’unité nationale ».
« À l’arrivée du gouvernement d’Amadou Oury Bah, beaucoup d’espoir était placé dans la possibilité d’un dialogue véritablement inclusif. Malheureusement, la réalité a parfois contrecarré ces attentes. Bien que certains efforts aient été faits pour inclure diverses voix, y compris celles de la société civile, le processus a souvent été perçu comme limité », regrette-t-il. Puis il ajoute : « Comme acteur et membre du cadre de dialogue inclusif interguinéen, je pense que le dialogue a révélé à la fois des progrès et des limites. D’un côté, des avancées ont été réalisées dans la mise en place de mécanismes de concertation. De l’autre, l’absence de certains acteurs clés a miné la portée de ces discussions, laissant un climat de méfiance. Il est donc difficile de dire que le dialogue a été mené à bien dans son ensemble ».
Bien qu’aucune rencontre n’ait été organisée entre les membres du gouvernement et les acteurs politiques, des contacts ont tout de même été pris avec le cabinet à la primature. L’objectif était d’évoquer la relance du cadre de dialogue inclusif interguinéen pour réexaminer les progrès réalisés et rectifier les défauts éventuels.
« Un mémorandum a été remis à la primature par notre organisation à cet effet. Le 9 décembre 2024 aussi, nous avons adressé un autre mémorandum pour une concertation entre les autorités de la transition et les acteurs sociopolitiques pour revoir le chronogramme de la transition en appelant tous les acteurs sociopolitiques sans exception pour discuter des sujets tels que la réconciliation nationale, la promotion de l’unité nationale, la gouvernance pour favoriser un environnement politique plus inclusif et participatif », confie-t-il.
Bien que le pouvoir de Conakry ait conclu un pacte avec la CEDEAO qui stipule que la transition doit prendre fin le 31 décembre 2024, on constate néanmoins une dérive probable du calendrier et une situation politique en difficulté.
JRI de l’ombre