La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), créée pour combattre la corruption et assainir les finances publiques en Guinée, semble être détournée selon certains de sa mission première. Elle est aujourd’hui perçue par de nombreux observateurs comme un instrument politique. Utilisée pour museler les opposants et renforcer un pouvoir autoritaire.
L’affaire de Chérif Bah, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), un dossier déjà classé par le passé, a été rouvert. Pour de nombreux observateurs, cette décision de ressusciter une enquête sans fondement est clairement perçue comme une tentative de « discréditer » un opposant de poids dans l’échiquier politique guinéen.
« La CRIEF n’est plus un organe de justice, mais un outil de répression politique », déclare Souleymane Souza Konaté, président de la commission Communication de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD). Il poursuit « La justice doit être au service de tous, sans distinction aucune, et non au service d’un clan », dit-il. Konaté insiste sur le fait que l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir actuel est non seulement contraire aux principes d’indépendance et de transparence, mais aussi un frein à la réconciliation et à la stabilité en Guinée. Pour lui, les dérives de la CRIEF sapent les bases mêmes de l’État de droit et alimentent un climat de méfiance généralisée au sein de la population.
Aujourd’hui, plusieurs dossiers impliquant d’anciens dignitaires des régimes précédents, ainsi que des membres du pouvoir actuel, sont actuellement entre les mains de la Cour. Certains de ces individus sont incarcérés, tandis que d’autres, malgré des accusations de corruption et de détournement de fonds publics, semblent bénéficier d’une protection qui leur permet d’échapper à la justice.
« Il est inacceptable qu’en Guinée, des citoyens soient persécutés pour des raisons politiques, tandis que des faits de corruption, impliquant des membres du gouvernement, restent dans l’ombre », déclare encore Konaté, qui souligne la nécessité d’une justice qui traite tous les citoyens de manière égale, sans favoritisme ni discrimination.
Dans son intervention, Souleymane Souza Konaté rappelle également que la justice guinéenne doit répondre à un impératif moral : celle de protéger les droits de tous et de garantir une égalité devant la loi. « Les Guinéens aspirent à une justice qui lutte véritablement contre l’impunité et qui protège leurs droits, quelle que soit leur appartenance politique », insiste-t-il. Une telle justice, selon lui, ne peut que favoriser la réconciliation nationale et renforcer la cohésion sociale.
Pour Souleymane Souza Konaté, il est impératif que les autorités guinéennes rétablissent l’indépendance du système judiciaire, en garantissant que la justice soit rendue de manière impartiale, équitable et transparente. « La Guinée a besoin d’une justice qui réconcilie, qui unisse et qui permette à chaque citoyen de vivre dans la dignité et la sécurité », conclut-il.
Thierno Amadou Diallo