Le sujet continue à faire parler encore. Partout, les citoyens notamment la gente féminine dénoncent l’acte odieux commis par un homme d’une cinquantaine d’années ce 20 mars au marché Dibida de Kankan. Alors que l’assassin dit avoir paradoxalement commis son acte sur le coup de l’amour, la famille de la victime balaie cette hypothèse d’un revers de mains et invite les autorités à appliquer le droit. Faute de quoi, elle menace d’agir elle-même.
Adama Konaté a été poignardée en plein jour le jeudi dernier au quartier Banankoroda, situé au centre-ville de Kankan. Cette mère de six enfants dont beaucoup n’ont pas encore quinze ans est accusée par son bourreau d’adultère. Au quartier Kankancoura où elle résidait avec sa petite famille, les gens continuent de d’affluer par dizaines. En pleurs, chacun se remémore des temps passé avec cette dame dont la gentillesse et l’humanisme sont reconnus par tout le monde. Pris entre salutations d’usage et démarches avec la justice de Kankan, le jeune frère de la défunte ne décolère pas. « Si ce problème n’est pas résolu comme on le veut, toute la Guinée en parlera, car nous ne tolérerons ni à cause de Dieu, encore moins pour un être humain. La façon dont notre sœur est décédée, nous lui rendrons la monnaie même si ça ne sera pas avec une arme ou un couteau. Que les dirigeants se prononcent très vite pour éviter autre chose. Aujourd’hui, personne ne pourra prendre en charge les besoins de ses orphelins car elle était tout pour nos neveux et nièces », profère Mohamed Konaté.
Difficile pour nous d’avoir un des enfants de la victime. Tous sont encore sous le choc provoqué par l’assassinat tragique de leur génitrice. Quant à sa sœur cadette, Mata Konaté, elle article difficilement. On la croirait en proie à un problème psychologique. Quarante-huit heures après la tragique disparition de sa grande sœur, elle s’en remet à la volonté divine. Mais elle livre une version différente de celle de l’assassin de Adama Konaté. « Le jeune voudrait épouser ma sœur et celle-ci avait refusé. Il l’avait frappé une première fois et c’est à la gendarmerie que le problème a été réglé. Là-bas, on avait dit aux deux de ne plus se fréquenter et c’est ce que respectait notre sœur. Nous entendons les délires du jeune dans les médias et sur les réseaux sociaux sur ma grande sœur. On a perdu notre parent mais que l’autorité fasse quelque chose pour mettre un terme à la diversion du jeune qui tourne en boucle », exige la sœur éplorée.
Les autorités locales, les sages, la société civile et de nombreuses femmes leaders étaient dans la famille de la défunte. L’inspectrice régionale de l’action sociale, de la promotion féminine et des personnes vulnérables s’est fendue en larmes face aux journalistes présents au moment de prendre la parole. « Nous nous sommes constituées en partie pour cette affaire. Il faut que les gens sachent que ce que nous disons est loin d’être une façon de les berner. La personne qui se hasardera avec ce cas nous trouvera sur son chemin. Je prie que Dieu nous aide à apaiser cette douleur et reçoive notre sœur dans son paradis », dira en substance la première autorité en charge des questions de femmes dans la région.
Dans le quartier où habitait la défunte, la sensibilisation des citoyens pour éviter toute violence se poursuit. Les responsables du conseil de quartier se sont engagés à suivre de près ce dossier. Le bourreau, lui, demeure à la maison centrale de Kankan, en attendant le démarrage de son jugement.
Michel Yaradouno depuis kankan