Le feuilleton judiciaire de l’ancien ministre de la Défense nationale, Dr Mohamed Diané, continue de captiver la salle d’audience de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Ce jeudi 8 mai 2025, les débats ont repris dans son procès en appel, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la séance n’a pas manqué de rebondissements… ni de poules pondeuses.
Accusé de détournement de fonds publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux, l’ancien ministre s’est montré combatif à la barre. Face à la cour, assisté de son avocat, Me Almamy Samory Traoré, Dr Diané a tenu à clarifier plusieurs points, niant notamment posséder des écoles à Kankan. « Je suis rentré au pays avec 50 000 dollars », a-t-il précisé, une partie en cash, l’autre en nature.
Mais lorsque le procureur spécial, Aly Touré, lui a demandé de produire les bordereaux de retrait de son compte bancaire, silence radio. Aucun document n’a été présenté. Ce qui a poussé le procureur à demander officiellement à la cour d’exiger ces justificatifs.
Comme si cela ne suffisait pas, le débat a pris une tournure inattendue lorsqu’il a été question de la ferme avicole de l’ex-ministre à Kankan. « Entre 2007 et 2012, j’avais 12 000 pondeuses », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il produisait 200 alvéoles par jour, vendus à 35 000 francs guinéens l’unité.
Les avocats de l’État, de leur côté, n’ont pas chômé. Ils ont demandé à la cour de faire comparaître les épouses et enfants de l’ancien ministre, ainsi que plusieurs prête-noms — des personnes revendiquant certains biens liés au dossier. Ils souhaitent également que la DOCAD identifie deux immeubles dont la propriété est contestée.
La défense n’a pas vu ces demandes d’un bon œil. Me Samory Traoré a estimé que la procédure allait trop loin. « Attention à ne pas basculer du côté de l’accusation ! », a-t-il lancé.
Verdict du jour : la cour, dirigée par le juge Daye Mara, a rejeté la comparution des proches familiaux de Mohamed Diané, mais a validé celle de plusieurs autres personnes clés dans l’affaire. Le procès est renvoyé au 22 mai 2025 pour la suite.
Lamine Camara