Les travaux de la première table ronde des hydrocarbures se sont poursuivis ce jeudi 19 juin 2025, autour du thème : « Hydrocarbures en République de Guinée : leçons du passé, ambitions pour demain bâtir une vision partagée, durable et souveraine du secteur des hydrocarbures ».
À l’occasion de cette deuxième journée, plusieurs panels ont été organisés, constituant un espace d’échange et de partage d’expériences. Trois thématiques majeures ont été abordées :
- Régulation et structuration du marché aval
- Le gaz au cœur de la transition énergétique
- Financement du secteur pétrolier : stratégies de partenariat
Ce panel a souligné l’importance de la régulation du secteur aval pour garantir une concurrence saine et stabiliser les prix sur le marché des produits pétroliers. Les discussions ont porté sur les mécanismes de régulation, les stratégies de structuration du marché, ainsi que sur les meilleures pratiques en matière de distribution sécurisée et efficace des produits pétroliers à l’échelle nationale.
Dans ce panel, M. Diallo, Directeur général de Fabgaz, a plaidé pour une réforme en profondeur du secteur gazier en Guinée. Il a déclaré :
« Aujourd’hui, la consommation nationale est d’environ 6 500 tonnes par an. En comparaison, la Côte d’Ivoire consomme près de 500 000 tonnes. Nous ne représentons qu’environ 1 à 1,5 %. Il est donc essentiel de commencer par mettre en place les infrastructures nécessaires. Une projection a été faite à propos de l’usine de bouteilles de gaz de Konta. Nous sommes en phase finale, avec une capacité estimée à un million de bouteilles par an. La réforme est en cours. Un projet est déjà à l’étude au sein de notre ministère de tutelle et pourrait être finalisé d’ici la fin de l’année. Mais, sans infrastructures, le développement du secteur reste impossible ». Avant d’ajouter : « Nous devons disposer d’une réglementation solide ».
Metch Mel, assistant technique à la Direction aval pétrole de la Direction générale des hydrocarbures de Côte d’Ivoire, a partagé l’expérience de son pays et formulé des recommandations.
« Nous recommandons la mise en place d’une réglementation applicable à l’ensemble des acteurs de la distribution. Elle doit être élaborée par une direction impartiale, équidistante de toutes les sociétés, afin d’éviter tout conflit d’intérêt. Une réglementation claire, associée à une direction forte, est indispensable pour coordonner les actions et avancer », dit-il.
Interrogé sur la réglementation guinéenne, il nuance : « Je ne la connais pas précisément, mais selon les témoignages entendus ici, elle semble insuffisante. Soit elle existe et doit être réformée, soit elle est inexistante et doit être instaurée. Sans réglementation, il y aura du désordre, et aucun investisseur ne prendra de risque ».
Le Colonel Souaré Cheick Ahmed Tidiane, chef du bureau des hydrocarbures aux Douanes, a réagi à ces remarques.
« La douane dispose d’un cadre réglementaire bien établi. Le bureau des hydrocarbures fait partie intégrante de cette législation. Toutes les opérations, notamment dans le cadre du régime économique lié aux produits pétroliers, sont encadrées par le Code des douanes. La réglementation douanière est en place et fonctionne. Les partenaires, nationaux comme étrangers, doivent s’y conformer. Il n’y a pas de carence en matière de réglementation douanière », a-t-il soutenu.
Alors que la Guinée s’engage dans la transition énergétique, le développement du gaz domestique (GPL) et l’intégration du gaz naturel figurent parmi les priorités stratégiques. Ce panel a exploré les politiques publiques et les mécanismes de financement nécessaires pour promouvoir l’usage du gaz, réduire la dépendance au charbon de bois et soutenir une industrialisation durable autour de cette ressource.
Le financement des infrastructures énergétiques demeure un défi majeur pour de nombreux pays africains. Le panel consacré au financement du secteur pétrolier a porté sur les stratégies innovantes permettant de mobiliser les ressources nécessaires au développement des hydrocarbures en Guinée. Les échanges ont porté sur les modèles hybrides de financement, ainsi que sur les partenariats public-privé (PPP) à promouvoir pour renforcer la résilience énergétique nationale.
Balla Yombouno