Située à plus de 80 kilomètres de la préfecture de Beyla, la commune rurale de Gbèssoba est en proie à une vive tension entre la jeunesse et l’équipe dirigeante de la délégation spéciale. En ligne de mire : le président de la délégation spéciale, son secrétaire général et le receveur, accusés par des jeunes d’un présumé détournement de fonds publics.
Selon Alpha Amadou Diallo, président du conseil sous-préfectoral de la jeunesse, plus de 600 millions de francs guinéens auraient été détournés. Il pointe du doigt une gestion opaque et exclusive des fonds destinés au développement local.
« Depuis l’installation de la délégation spéciale, aucune session n’a été tenue. Sur les 11 membres, seul le président, le secrétaire général et le receveur sont impliqués dans la gestion. L’ANAFIC a octroyé plus de 400 millions de francs guinéens à notre commune. Avec cet argent, ils n’ont construit qu’un bâtiment de trois chambres, des latrines et une cuisine. Ils prétendent avoir dépensé 208 millions pour cela, ce qui est totalement faux », dénonce-t-il.
Il ajoute également que les recettes issues des redevances minières et d’autres sources communales, estimées à plus de 166 millions de francs guinéens, restent sans justification claire.
« C’est un divorce total entre la jeunesse et le président de la délégation spéciale. L’argent censé profiter à la population sert aujourd’hui un petit cercle. Jeudi dernier, nous avons organisé une marche pacifique et fermé les locaux de la mairie. Le préfet a dû intervenir. Nous porterons ce dossier devant la CRIEF », menace Alpha Amadou Diallo.
Mis en cause, le président de la délégation spéciale, Moussa Donzo, rejette catégoriquement ces accusations, qu’il qualifie de manœuvres politiques.
« Je suis victime d’un complot depuis ma nomination à la tête de la CESPI. L’ancien président voulait y placer son frère, mais j’ai été choisi comme représentant de l’administration. Le même groupe a tenté de me bloquer lors de la formation de la délégation spéciale en proposant Alpha Amadou Diallo en tête de liste. Mais à Conakry, j’ai été désigné président. C’est ça qu’ils ne digèrent pas », affirme-t-il.
Concernant les accusations de détournement, Moussa Donzo s’explique :
« Les jeunes parlent de choses qu’ils ne comprennent pas. L’ANAFIC a prévu 445 718 901 GNF pour notre projet. Jusqu’ici, seulement 70 % ont été décaissés, soit 329 050 141 GNF. Le reste est en attente. Quant aux recettes locales, cette année nous n’avons mobilisé que 22 millions. Je ne comprends pas ce qu’on me reproche », s’interroge-t-il.
Le climat reste tendu à Gbèssoba, où la jeunesse semble déterminée à obtenir des comptes. L’affaire pourrait bientôt se retrouver devant la CRIEF.
Niouma Thèdan Kamadou Kamano pour Ledjely.com