Huit ans après l’éboulement meurtrier survenu à la décharge d’ordures de Dar-es-Salam, qui avait coûté la vie à neuf personnes, les habitants de ce quartier ont organisé, ce vendredi 22 août 2025, une marche blanche pour alerter à nouveau l’État guinéen sur le danger que représente cette montagne de déchets. La marche a été suivie d’un sacrifice en mémoire des victimes de cette tragédie.
« Nous sommes rassemblés, non pour une simple commémoration, mais pour faire vivre la mémoire douloureuse et collective d’un drame qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Aujourd’hui, Dar-es-Salam ne parle pas, elle pleure. Elle pleure ses morts, ses enfants arrachés à la vie dans une tragédie que nous n’oublierons jamais. Des cris sous les décombres, des mains courant pieds nus, mains vides, visages ensanglantés. Des enfants ensevelis sous les déchets d’une société qui les avait déjà abandonnés. Nous n’avons pas seulement perdu des corps ; ce jour-là, nous avons surtout perdu une part de nous-mêmes. Et, par-delà tout, la Guinée entière a perdu un peu de son humanité. Huit ans après, la douleur est toujours là, et la décharge aussi. Elle fume, silencieuse et toxique », a déploré Thierno Mouctard Bah, porte-parole des habitants.
Il a également insisté sur la nécessité de justice et a lancé un appel au président de la transition.
« Nous réclamons la justice – la justice de la mémoire, la justice de l’action, et le droit fondamental à respirer, vivre et exister dans un environnement sain et digne. Monsieur le Président de la République, avec tout le respect dû à votre fonction, nous demandons la fermeture et la délocalisation effectives de la décharge de Dar-es-Salam, la reconnaissance officielle des victimes, et la mise en place d’un véritable plan national de gestion des déchets, à la hauteur des vies que nous devons protéger. À toutes les familles endeuillées, votre chagrin est sacré. Votre voix ne sera plus étouffée », a-t-il souligné.
Présent sur les lieux, Mohamed Naby Cissé, président du conseil de quartier de Dar-es-Salam, a rappelé que certaines familles n’avaient pas été dédommagées.
« Il y a encore des personnes qui n’ont pas été indemnisées. Nous demandons à l’État de bien vouloir prendre en charge ces victimes », a-t-il indiqué.
Aminata Camara