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Mali : le JNIM accentue la pression sur Bamako

Dans le défi sécuritaire auquel sont confrontés les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), rien n’est jamais définitivement acquis. Il y a seulement trois à quatre mois, face aux attaques audacieuses des groupes djihadistes au Burkina Faso voisin, la situation au Mali semblait relativement plus enviable. Certains observateurs allaient même jusqu’à entrevoir une victoire progressive des autorités maliennes sur le fléau de l’insécurité. Mais cette perspective optimiste s’est aujourd’hui considérablement assombrie. En cause, la recrudescence des attaques du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, qui a fait basculer la situation sécuritaire dans une nouvelle spirale de violences.

Ces dernières semaines, les actions du JNIM se sont multipliées, gagnant en audace et en intensité. Récemment encore, l’armée malienne, par la voix de son porte-parole, avait catégoriquement rejeté les informations faisant état d’un blocus autour de la ville stratégique de Kayes, à l’ouest du pays. Mais les événements du week-end dernier risquent de fragiliser cette assurance officielle. En s’attaquant à des convois de camions-citernes circulant sur l’axe vital Dakar-Bamako, malgré la présence d’escortes militaires, les groupes armés islamistes ont envoyé un signal clair : ils disposent d’une capacité d’action capable de contourner, voire de défier, la protection de l’armée.

Le choix de cibler ces convois n’est pas anodin. Destinés à approvisionner la capitale en carburant et en produits de première nécessité, ils constituent un maillon essentiel pour la survie économique et logistique de Bamako. Pour de nombreux analystes, cette tactique traduit une nouvelle orientation stratégique du JNIM : isoler progressivement la capitale malienne afin de l’asphyxier économiquement. Loin de rechercher une confrontation frontale avec l’armée, jugée trop risquée en raison du déséquilibre des forces, les groupes terroristes miseraient désormais sur l’attaque indirecte des infrastructures économiques et des voies d’approvisionnement.

Cette méthode vise à provoquer des pénuries, à aggraver le malaise social et, à terme, à éroder la légitimité politique des dirigeants de la Transition. Dans une région déjà fragilisée par la pauvreté et la crise humanitaire, l’impact de telles perturbations pourrait s’avérer dévastateur. La perspective d’une capitale privée de carburant ou de denrées essentielles, avec les tensions sociales que cela engendrerait, constitue un scénario particulièrement explosif pour les autorités maliennes.

Parallèlement, le JNIM chercherait également à disperser les forces maliennes. Multipliant les attaques simultanées dans différentes localités de cette zone située à l’ouest du pays, frontalière à la fois avec le Sénégal et la Mauritanie, les groupes armés forcent l’armée à diviser ses effectifs et à s’éparpiller sur plusieurs fronts. Cette stratégie d’usure a déjà prouvé son efficacité dans d’autres zones sahéliennes : elle étire les capacités logistiques des forces régulières et réduit leur marge de manœuvre opérationnelle.

Pour Bamako, le défi est donc double. D’un côté, il s’agit de protéger les grands axes routiers et les flux économiques indispensables à la survie de la capitale et à la préservation de sa fragile autorité. De l’autre, il faut maintenir une présence militaire forte dans les zones rurales, où les groupes djihadistes continuent d’exercer une influence sur les populations locales, souvent livrées à elles-mêmes.

En accentuant la pression sur Bamako, le JNIM entend démontrer qu’aucune région du Mali n’est totalement sécurisée. Le message est clair : malgré les efforts de l’armée et l’appui de ses partenaires, notamment russes, la menace terroriste reste capable de frapper au cœur même de la stabilité nationale. Et si cette dynamique n’est pas rapidement contenue, le pays pourrait replonger dans une spirale d’insécurité durable qui pourrait s’avérer très préjudiciable aux autorités.

Boubacar Sanso Barry

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